Rapport de police - Retranscription de la piste audio 0235
Voix masculine : Et du coup, le patron a dit que je pourrai sans doute prendre mes congés fin août, comme ça on pourra partir.
Voix féminine : Super ! Bon, attends, Maiko demande à sortir. Bordel, je déteste quand il fait nuit, on n’y voit rien.
Voix masculine : Tu ne peux pas juste la laisser sortir ?
Voix féminine : (Rires) Parce que tu crois qu’elle va revenir comme ça ? Le jardin est immense, j’ai pas envie de lui courir après.
(Bruits de froissements)
Voix féminine : Ça caille ici. Il fait bon à la maison ?
Voix masculine : Ça va. Bon, il fait quand même plus froid que quand t’es partie.
Voix féminine : (Avec une petite voix) Allez, Maiko, fais pipi, dépêche-toi.
Voix masculine : Elle a déjà grandi ?
Voix féminine : (Rires) On est partis que depuis une semaine, je te rassure, elle va pas- (Arrêt net)
À partir de ce moment, sa voix change.
Voix féminine : J’ai entendu du bruit dans le jardin.
Voix masculine : Ça doit être un chat, ils se promènent souvent la nuit.
Voix féminine : Non, je ne crois pas... Je déteste vraiment sortir la nuit ; on n’y voit rien, il y a des ombres partout, c’est terrifiant. (Avec une voix plus lointaine) Allez Maiko !! Dépêche-toi, sérieusement !
Voix masculine : Au pire, tu rentres, elle redemandera à sortir.
Voix féminine : (Avec un ton sarcastique) Bah oui, bien sûr, j’ai que ça à faire. Non, je vais me coucher après. Mais... C’est bizarre. Tu sais, elle regarde autour, elle s’assied dans l’herbe, et elle ne fait rien.
Voix masculine : Oui, c’est bizarre. Appelle ton grand-père, peut-être ?
Voix féminine : Non, je ne vais pas le déranger pour rien... Maiko ! (Elle crie) Reviens ici tout de suite ! Putain, elle est partie d’un coup, ça m’a arraché la laisse des mains ! (À son rythme saccadé, on entend qu’elle court).
Voix masculine : Chérie, ça va ?
Voix féminine : Je ne la vois plus ! Je ne sais pas où elle s’est faufilée... (Elle se met à crier) Maiko ! Maiko ! Viens, Maiko ! Attends, je mets le haut-parleur pour pouvoir éclairer.
(Bruits d’herbes écrasées, de frémissements de branches, et de vent)
Voix féminine : Maiko ! Maiko ! (On entend alors une autre voix dans le combiné qu'on ne parvient pas à comprendre)
Voix masculine : (D'une voix ferme) Chérie, rentre tout de suite. Elle retrouvera le chemin vers la porte, rentre !
Voix féminine : Non, c’est un bébé, je ne peux pas la laisser toute seule.
Voix masculine : J’ai entendu une voix, c’était qui ?
Voix féminine : (La terreur transparaît de plus en plus dans sa voix) De quoi tu parles ?
Voix masculine : (D'une voix inquiète) Il y a quelqu’un avec toi ?
Voix féminine : (D'une voix distante) Ah, Maiko, tu es là ! Viens... (Elle murmure) Oh putain.
Voix masculine : (D'une voix inquiète) Laura ? Laura ??
Voix féminine : (Elle murmure) Maiko est avec quelqu’un... Il y a quelqu’un assis dans le jardin qui la caresse... Enfin, je crois, je ne vois pas bien...
Voix masculine : (Il crie) Laura, rentre maintenant !
Voix féminine : (Elle murmure) Et s’il lui fait du mal ? Non, je ne la laisse pas. (Avec une voix forte) Laissez-la ! Maiko, viens me voir !
Voix masculine : (Il crie) Sérieusement, Laura, casse-toi tout de suite !
Voix féminine : (Elle murmure) Il s’est relevé. On dirait qu’il est immense. (D'une voix douce) Allez Maiko, viens voir maman, viens ma fille. (Elle murmure) Elle ne revient pas...
Voix masculine : Il fait quoi le mec ?
Voix féminine : (Elle murmure) Rien, rien. Il ne bouge pas et on dirait que Maiko lui saute dessus pour jouer. Putain. Il me regarde. Il est immense.
Voix masculine : (Il crie) Laisse-la, barre-toi !
Voix féminine : (Avec une voix suppliante) Maiko... Allez Maiko, viens. Oui ! Oui, c’est ça, viens ma fille. OH PUTAIN, IL COURT VERS MOI !
(Halètements essoufflés)
Voix masculine : (D'une voix terrifiée) Allez, cours ma chérie, tu peux le faire, cours, rentre bordel !
Voix féminine : (Elle crie) Allez, Maiko, viens ! (Silence d'une minute. D'une voix normale) Je vois rien, il y a trop d’arbres, je sais plus d’où je viens.
Voix masculine : (Ton rassurant) Laura, écoute-moi, cache-toi, mets mon appel en attente, puis appelle tes grands-parents pour qu’ils viennent.
Voix féminine : (Elle murmure) T’es sûr ? J'ai trop peur. (Pleurs)
Voix masculine : Il est toujours derrière toi ?
Voix féminine : (Elle murmure) Je ne vois rien...
Voix masculine : (Avec fermeté) Cache-toi et fais ce que je te dis. J’appelle la police, d’accord ? Ensuite je te reprends, il y en a pour quelques secondes seulement, promis. Si tu vois quoi que ce soit, tu recommences à courir ! Tu m'entends ?
Voix féminine : (Elle murmure) Oui... Oui, d’accord.
(Silence de 34 secondes)
Voix masculine : (D'une voix angoissée) Laura ? C'est bon ?
Voix féminine : (Elle murmure) Il est là, je l'entends.
Voix masculine : Va-t'en, cours le plus vite possible ! T'as eu tes grands-parents ?
Voix féminine : (Elle murmure d'une voix à peine audible) Je le vois. Mais il ne m'a pas vue. J'arrive pas à bouger, j'ai trop peur.
Voix masculine : S'il te voit, enfuis-toi immédiatement, tu m'as compris ? La police sera là dans même pas dix minutes ! Tant que tu cours, il ne pourra pas t'attraper !
Voix féminine : (Elle murmure d'une voix à peine audible) Il ne bouge plus.
Voix masculine : (Avec une voix suppliante) Je t'en prie, mon amour, cours, barre-toi. Je t'en supplie, ne reste pas là. Si tu le vois, il va te trouver, il-
La voix est coupée net par un hurlement strident. On discerne "Pitié" "Non" et "Victor" dans les cris, ainsi que des bruits de déglutition et de chair qui se déchire.
Voix masculine : (Il crie) LAURA, PUTAIN, NON, PUTAIN NON, LAURA, RÉPONDS-MOI, RÉPONDS !
(Fin de l'appel)
Voici la retranscription du dernier appel ayant eu lieu entre Laura Stevens et son petit ami Victor Dolaro. Nous avons pu avoir accès à l'enregistrement grâce à un réglage sur le téléphone de ce dernier qui enregistrait par défaut tous les appels.
Lorsque les agents sont arrivés sur les lieux, ils ont simplement retrouvé un chiot de type berger australien, assis devant la porte de la maison.
Le corps de Laura Stevens n'a pas encore été retrouvé.