Il dort, enfin. La soirée aura été longue. Ai-je été comme ça moi aussi, quand j'avais trois ans ? Je ne crois pas que je protestais autant pour aller dormir. Une vraie scène ; des cris et des pleurs... Maintenant il s'est enfin tu. Il dort profondément, il ne bouge même plus. Je savoure le silence enfin revenu. Il sert contre lui son doudou : cette peluche en forme de singe. Je ne comprends pas pourquoi celle-là... Dans sa chambre, il y a de si belles peluches, douces et gentilles. Mais il a préféré ce singe, que je ne supporte pas.
J'ai l'impression qu'il se moque de moi. Je le prends d'entre les petites mains qui ne résistent pas, et le regarde. Tu ne te moqueras plus jamais de moi, le singe. J'ai envie de brûler cette peluche qui continue à me regarder d'un air narquois. Comme s'il pouvait faire quelque chose.
Non le singe, tu ne peux rien faire. Tu n'es qu'un spectateur, ne sois pas hypocrite, tu as subi autant que moi ses crises de colère et ses pleurs incessants... Voilà que je me mets à parler à une peluche. Je remarque une tache sombre sur son pull.
C'est parce que l'enfant l'avait dans les bras quand il a enfin arrêté de pleurer. De bouger. Il faudrait la laver, mais de toute façon il y a aussi du sang plein les draps. Il bougeait beaucoup trop pour que je fasse ça proprement.
Je sors de la chambre. Je crois que je vais appeler mon amie et lui dire qu'elle avait raison. Je n'étais pas faite pour être mère.
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Maintenant, il dort
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