PREMIER VISIONNAGE
Quelque chose que j'aime bien faire pour passer le temps, c'est regarder les chaînes à partir du canal 50 dans ma freebox. J'aime bien tomber sur des chaînes WTF comme les chaînes japonaises ou les chaînes locales dans d'obscurs bleds de campagne. Mais aujourd'hui, une chaîne particulièrement bizarre a attiré mon attention au canal 169 de la freebox. Elle était intitulée "Souvenirs from Earth", un titre étrange en franglais que je ne comprenais pas. Il y avait un unique plan de deux corps de femmes en sous-vêtements dont on ne voyait pas la tête. Le fond était une cuisine anodine qu'on pourrait trouver dans n'importe quelle maison. La seule musique était un bruit constant et étrange qui rappelait un bruit d'extraterrestre dans un film de sf de série B.
Je pense que c'est une chaîne diffusée dans un garage par des tarés qui veulent entrer en communication avec des aliens. Mais la partie rêveuse de mon imagination me fait penser que peut-être, éventuellement, il y a des chances pour que ce soit une initiative gouvernementale ou je ne sais quoi d'autre pour entrer en contact avec une civilisation d'une autre planète.
Quelque chose que j'aime bien faire pour passer le temps, c'est regarder les chaînes à partir du canal 50 dans ma freebox. J'aime bien tomber sur des chaînes WTF comme les chaînes japonaises ou les chaînes locales dans d'obscurs bleds de campagne. Mais aujourd'hui, une chaîne particulièrement bizarre a attiré mon attention au canal 169 de la freebox. Elle était intitulée "Souvenirs from Earth", un titre étrange en franglais que je ne comprenais pas. Il y avait un unique plan de deux corps de femmes en sous-vêtements dont on ne voyait pas la tête. Le fond était une cuisine anodine qu'on pourrait trouver dans n'importe quelle maison. La seule musique était un bruit constant et étrange qui rappelait un bruit d'extraterrestre dans un film de sf de série B.
Je pense que c'est une chaîne diffusée dans un garage par des tarés qui veulent entrer en communication avec des aliens. Mais la partie rêveuse de mon imagination me fait penser que peut-être, éventuellement, il y a des chances pour que ce soit une initiative gouvernementale ou je ne sais quoi d'autre pour entrer en contact avec une civilisation d'une autre planète.
J'ai checké sur Wikipédia pour en apprendre plus sur cet étrange canal. D'après eux, SFE est "une chaîne indépendante à vocation internationale diffusée sur de nombreux bouquets télévisuels en France et en Allemagne". En gros, c'est de l'art moderne à la "bonsoir love". Enfin, c'est Wiki qui le dit...
La deuxième fois que j'ai regardé cette chaîne, c'était à peu près comme la première, sauf que le décor et les sous-vêtements des femmes semblait être en alu. Mais la troisième fois, il s'est enfin passé quelque chose. On y voyait trois corps de femmes en sous-vêtements dans un bain d'argile avec le même bruit bizarre puis un fondu s'est lentement inséré. En quelques secondes l'écran montrait de la neige et un cadre rouge se trouvait au milieu, comportant trois inscriptions: en haut "let's get the work started", en bas "que l'œuvre commence" et au milieu, un truc qui voulait probablement dire la même chose en allemand. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais ça certifie le fait que ce soit de l'art moderne barré.
QUATRIÈME VISIONNAGE
Il s'est passé quelque chose de vraiment marrant. Ce soir en rentrant, j'ai jeté un coup d'œil sur SFE et ça diffusait plusieurs séquences d'ados marchant dans des rues, la caméra les suivant. Et à un moment, je me suis vu moi. Je vous laisse imaginer la surprise. Et je me suis rappelé. Ce matin même, un homme aux cheveux vert et en T-shirt Jaune poussin au pied d'un van de la même couleur tenant une grosse caméra. Je ne me doutais pas qu'il me filmait moi et encore moins qu'il travaillait pour ces tarés. Enfin bon, personne ne regarde ça et quand bien même, les rares personnes devant cette chaîne à cette heure-là ne se souviendront pas de mon visage bien longtemps.
CINQUIÈME VISIONNAGE
Là, ça devient vraiment flippant. Un certain Thomas Bergstein m'a ajouté dans un groupe Facebook qu'il avait noté "souvenirs from earth". Je sais pas comment il a su que j'avais regardé cette chaîne, ce doit être un stalker balèze. La seule publication était de lui-même, un énorme pavé en allemand. N'ayant pas envie de m'embêter avec ça, j'ai quitté ce groupe aussi sec. C'est après que ça s'est gâté. J'ai remis le canal 169 et devinez quoi ? C'était encore cet enchaînement d'ados en train de marcher. J'ai vu depuis le début cette fois.
Un cadre rouge indiquait en comic sans ms orange "the cobayes", "les cobayes" et le même truc en allemand. Et le premier qu'on voyait, j'étais sûr de l'avoir déjà vu.
Et à la fin, étaient inscrits des noms.
Le premier était "cobaye #1: Thomas Bergstein"
Et c'était bien lui. Je me suis souvenu sur le coup : c'était bien le mec sur la photo de profil. Mais je suis passé du mindfuck à la colère en voyant le dernier nom affiché : c'était le mien.
J'ai pensé sérieusement à porter plainte après ça. Comment ces fils de pute avaient pu me stalker pour avoir mon nom, comment ils avaient eu le culot de me foutre sur leur chaîne de malades ?!
Le même jour, j'ai reçu un message bizarre sur facebook. Ce mec s'appelle Théodore Piquenot et je crois bien avoir déjà lu son nom. Il était le cobaye numéro 4, ou 5 je ne sais plus. Voici le déroulement de la conversation :
"Salut. J'ai vu ton nom à la fin du générique. Ne fait pas attention à ça. T'es à un stade avancé de l'oeuvre?
-Quel stade? Quelle oeuvre?
-Enfin leur oeuvre de psychopathes, là! Fais gaffe à ces tarés
-Qui? Souvenirs from earth?
-N'écris pas ça. Ils pourraient voir.
-Ok...
-La dernière fois que tu l'as vu il était de quelle couleur?
-Hein? De qui?
-Enfin fais attention autour de toi bordel! Fais gaffe à ce qu'il ne te retrouve pas. Tiens mon num 06 93 ** ** ** Je dois y'aller à+"
Ça commence doucement à me faire flipper. Je me demande si ce n'est pas une chaîne de canulars.
Je l'ai vu aujourd'hui. J'étais dans le hall du lycée sur le point de demander à Flore si elle voulait manger avec moi ce midi et elle avait l'air contente que je vienne lui parler. Mais avant que je puisse formuler ma demande, je l'ai vu. Lui, dans le hall de mon lycée avec son T-shirt jaune et ses cheveux longs, cette fois-ci rose vif au lieu de vert foncé. L’ingénieur de SFE. Il cherchait quelque chose (ou quelqu'un. Ou moi.) dans le lycée. Environ une demi-seconde après, je me suis enfui, laissant Flore en plan et me précipitant dans le parking.
J'y ai trouvé la camionnette. Un van jaune vif avec le logo de la chaîne dessus au milieu des voitures de profs. Dans ma panique, j'ai ramassé le caillou le plus pointu que j'ai trouvé et j'ai essayé de crever les pneus du véhicule. Malheureusement, un pion m'a chopé. En me dirigeant vers chez le principal, j'ai vu le cameraman aux cheveux colorés me saluer avec un sourire malsain et repartir à pied, laissant en plan son van jaune.
HUITIÈME VISIONNAGE
Ils nous font du mal.
Quand je suis rentré le soir après m'être mangé quatre heures de colle, j'ai regardé SFE. Le cadre rouge habituel indiquait avec la même police orange "love", "lieben", "amour". Le plan suivant montrait comme à l'habitude une fille en sous-vêtements dont on ne voit pas la tête. Mais là c'était pas n'importe quelle fille. C'était un corps que je reconnaîtrais n'importe où, pour y penser tous le temps. Cette fille, c'était Flore.
Sur le coup, j'ai pété un câble. J'aurais pu mourir pour la protéger. Je me suis précipité dehors vers la maison de Flore, qui était tout près de chez moi.
C'était désert. La porte était ouverte et la maison abandonnée.
Par la suite, je ne l'ai plus jamais revue. Le prof ayant annoncé son départ semblait quelque peu gêné et a vite expédié le sujet.
Au visionnage suivant, des photos de jeunes filles et jeunes hommes - dont Flore - défilaient à l'écran en une succession de fondus enchaînés. Souvent en sous-vêtements, quelquefois nus. On ne voyait jamais leurs têtes mais on pouvait deviner qu'il s'agissait des mêmes qu'habituellement.
Théodore ne répondait plus à mes messages. J'ai appelé le numéro, je suis tombé sur sa mère (probablement) et ai dit "Bonjour, je voudrais parler à Théodore." La dame au téléphone a éclaté en sanglots et a raccroché.
Au fait, notre voiture a été brûlée. J'ai juste eu le temps de voir deux asiats en T-shirts jaunes s'enfuir. Le message était clair. Œil pour œil, dent pour dent.
La huitième fois, c'était le corps de Flore, nue. Mais cette fois-ci elle n'était pas seule. On voyait les corps de deux personnes de type asiatique. On aurait presque vu leurs membres intimes si ils n'étaient pas profondément enfoncés dans les orifices de la fille de mes rêves.
Je n'ai pas osé décrocher le regard de cette horreur. Je ne me souviens plus de grand-chose, si ce n'est que j'ai fini en pleurs, par terre et que l'écran affichait un cadre rouge où il était écrit "pain", "leiden", "souffrance".
Mes parents m'ont trouvé par terre, chialant. La télé ne montrait que de la neige. Ils ont essayé de me ressaisir, mais j'ai pété un câble au moment où ils m'ont présenté les invités qu'ils recevaient pour leur important dîner. C'était deux asiatiques, des jumeaux probablement.
Je suis resté enfermé dans ma chambre. J'ai essayé de rester éveillé pour surveiller le van jaune garé sous ma fenêtre, mais j'ai fini par m'endormir malgré tout.
NEUVIÈME VISIONNAGE
Je m'étais attendu à voir des photos de chez moi sur SFE. Mais non. Pire. Bien pire.
Un cadre rouge.
"death".
"tot".
"mort".
Une musique funèbre.
Un gamin de douze ans environ que je suis presque sûr d'avoir vu parmi les "cobayes". Dans une baignoire. Un marteau enfoncé dans le crâne.
Du sang.
De la cervelle.
Du sang partout...
Je suis au poste de police. Quand ils m'ont demandé pourquoi j'ai agressé cet homme, j'ai dit qu'il avait les cheveux oranges. Ils ont dû me prendre pour une espèce de nazi anti-roux ou je ne sais quoi d'autre. Mais le pire... Le psychiatre, c’était lui. Lui avec ses cheveux longs et sa queue de cheval, cette fois d'un blanc immaculé. Je ne me souviens plus de ce qu'il me disait et encore moins de ce que j'ai répondu.
Moi-même je ne sais pas où je suis. Je me suis enfui. Ils ne m'auront pas. JAMAIS. Je dois trouver leur nouveaux cobayes pour les protéger. L'oeuvre finira mal...