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    Quand j'étais petit, j'étais une vraie poule mouillée. J'avais peur de l'orage, peur des clowns, peur des aiguilles... Et, surtout, peur du noir. J'imaginais toujours que des monstres se tapissaient dans l'ombre une fois les lumières éteintes.

    C'est pour ça que lorsque j’éteignais la lumière avant d'aller me coucher, je courais comme un fou vers mon lit afin de me réfugier sous la couette. Je pensais vraiment que ça pouvait me protéger, que c'était une bulle protectrice, un sanctuaire dans lequel aucun monstre ne pouvait pénétrer.

    Même si je me faisais mal au pied en marchant sur des Lego, ou si je cassais mes jouets en courant, il fallait absolument que je rejoigne la couette le plus vite possible après avoir appuyé sur l'interrupteur, avant que les monstres ne m'attrapent.

    Et, cette nuit-là, je pensais que c'était ça qui m'avait sauvé quand la grande silhouette d'une créature à plusieurs bras a ouvert la fenêtre et a pénétré dans la chambre. Je pensais que c'était le fait d'avoir réussi à me mettre sous ma couette avant qu'elle puisse m'atteindre qui m'avait sauvé.
    Mais maintenant, je le sais. Ce qui m'a sauvé, ce n'est pas ma rapidité à atteindre mon lit.

    Non.

    Ce qui m'a sauvé, c'est le fait que mon petit frère a été plus lent que moi.

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    Sous les décorations rouges, roses et blanches, les filles dansaient avec leurs cavaliers. Cependant, mes yeux étaient fixés sur celle qui était assise seule à l'une des tables, en train de scruter la foule de ses yeux bruns chocolat et faisant tourner une rose entre son pouce et son index. Elle s'appelait Vanessa, et elle était sans aucun doute la plus belle fille de l'école, non seulement à cause de son apparence, mais aussi grâce à son caractère doux et innocent. Je suis tombé amoureux d'elle au premier regard, mais je n'ai jamais pu prendre mon courage à deux mains et lui avouer mes sentiments. Au moins, aujourd'hui j’ai pu lui laisser un cadeau pour la St Valentin.

    - "On t'as posé un lapin ?" lui ai-je demandé en l'abordant. "J'imagine" a t-elle soupiré. "Je ne sais même pas qui ça peut être, il y avait seulement cette rose et une carte avec inscrit 'pour la plus belle fille de l'école' dans mon casier". "Oh, on dirait que tu as un admirateur secret" l'ai-je taquinée en secouant son épaule. Elle a rougi et souri timidement. "Du punch ?" lui ai-je demandé en lui tendant un des deux verres que j'avais apportés. Elle m'a remercié en le prenant. Nous avons parlé pendant une quinzaine de minutes en regardant les autres danser avant qu'elle ne commence à sembler étourdie. "Hé, tu vas bien ?" lui ai-je demandé alors qu'elle se penchait, la tête dans ses mains. "Je...je ne suis pas sûre, j'ai la tête qui tourne d'un seul coup" a t-elle gémi. "Allez" lui ai-je dit en l'aidant à se lever. "Sortons prendre l'air".

    Une fois sortis du gymnase, je me suis agenouillé à côté de Vanessa pendant qu'elle essayait de reprendre son sang-froid. "Je dois.. dois rentrer chez moi" a t-elle bégayé. "Je vais appeler mes parents, je ne peux pas conduire dans cet état". "Eh bien je peux te raccompagner si tu veux ?" lui ai-je suggéré. "Vraiment ?" a t-elle demandé. "Mais je ne veux pas déranger..." "Ne t'inquiète pas, je n'ai rien de mieux à faire," ai-je répondu en haussant les épaules. "D'accord" a-t-elle marmonné pendant que je l'accompagnais à ma voiture. Je l'ai aidée à boucler sa ceinture sur le siège passager. J'ai démarré ma voiture puis j'ai quitté le parking. Mon coeur battait d'excitation, j'attendais avec impatience de pouvoir la ramener à la maison... chez moi, je veux dire.


    "Merci beaucoup de m'aider" m'a t-elle dit avant de fermer les yeux.

    "Qu'est-ce que je ne ferais pas pour mon élève préférée"

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    "Aie ! Arrête ça ! Papy, Jimmy arrête pas de me taper !", a crié une voix depuis une autre pièce. Ces vieux os n'ont jamais bien dormi, et encore moins quand un enfant demande de l'aide.

    Un enfant. Mon fils ? Non, cette voix paraissait bien trop enfantine. Petit-fils ? Ça doit être ça. Bien sûr. Mon petit-fils a besoin de moi ! Si un intrus était en train de faire du mal a mon petit-fils, je ne pouvais pas le combattre. Pas du haut de mes 74 ans, même en étant un vétéran de guerre.

    Soudain, je m'en suis souvenu. La table basse. Elle contenait mon fidèle revolver. En ouvrant doucement le tiroir, j'ai récupéré l'arme, ainsi que des munitions. Je l'ai chargée pendant que je me faufilais jusqu'a la chambre de mon petit-fils. À mon grand étonnement, en ouvrant la porte, il n'y avait pas un Jimmy, mais deux. Ils étaient exactement semblables, se battant sur le plancher de la chambre. Comment cela était-il possible? Était-ce une sorte de démon faisant semblant d'être mon petit-fils?

    "Papy !" a crié l'imposteur. "Jimmy me fait mal !"
    "Même pas vrai d'abord !" a répondu le vrai Jimmy.
    "Laisse-le partir, Jimmy, je vais m'occuper de ce démon!"ai-je dit en pointant mon revolver vers l'imposteur.
    "Papy, STOP !" ont crié les deux garçons à l'unisson.

    J'ai appuyé sur la gâchette, le revolver faisant son devoir une fois de plus, d'un coup retentissant, suivi d'un silence de mort. L'imposteur était couché sur le sol, mort.

    "Jimmy, tu vas bien ?" ai-je demandé.
    "Papy..." Sa voix était tremblotante, il pouvait à peine parler.
    "Qu...Qu'as tu fait ? Tu as tué mon frère !"
    Un moment de clairvoyance dans mon esprit. De vieux souvenirs me remontent. Deux Jimmy... Des jumeaux ? Jimmy... et Jason?  Des Médicaments... Un diagnostic... Démence... Alzheimer?
    Le revolver a glissé de mes mains, tombant avec fracas sur le plancher.

    "Mon dieu... Qu'ai-je fait ?"

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    Depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours été très joueur. Mes parents considéraient cela comme un vice qui nuirait à ma scolarité, mais c'est tout le contraire : les jeux de logique et de réflexion m'ont permis de développer un esprit extraordinairement aiguisé.
    Énigmes, jeux d'enquête, j'ai tout essayé. Et j'ai tout réussi.
    Internet m'a aussi apporté mon lot de défis à relever. Comme la Via Virtualis, ou bien ouverture facile. Ces sites proposent une série d’énigmes, de la plus facile à la plus ardue. Mais, comme tout, ça a été une partie de plaisir pour moi.

    Petit à petit, j'ai gagné une grande réputation dans ma ville, puis dans mon pays. On me comparait souvent à un Sherlock Holmes des temps moderne. Ainsi, j'ai intégré la police très rapidement. On me confiait les enquêtes qui piétinaient, et je passais mon temps à analyser des scènes de crime, des pièces à conviction, et je décelais des indices là où les autres ne voyaient qu'un élément insignifiant, ce qui permettait généralement de résoudre l'affaire.
    Pourtant, l'année dernière, j'ai fait face à l'affaire qui a détruit ma réputation, ainsi que ma carrière.

    Plus d'une dizaine d'enfants avaient disparus, depuis le début de l'année. Tous avaient étés enlevés, depuis leurs lits, dans le domicile familial. La méthode était toujours la même. Les parents couchaient leurs enfants le soir, pour ne découvrir qu'un lit vide au matin. Aucune trace d'intrusion, cependant. Un vrai mystère. Personne ne comprenait comme cela était possible. J'ai donc hérité de l'affaire. Enfin un défi à ma hauteur, je me disais alors.

    Pourtant, même moi, je ne voyais aucun indice. Aucun signe d'intrusion apparent. Aucun lien entre les familles victimes, ou les enfants enlevés. Rien qui ne reliait ces enlèvements à des cas similaires. Bref, c’était inexplicable, surtout qu'aucune rançon n’était réclamée. S'agissait-il d'un pervers ? D'un tueur en série? C’était impossible à dire avec les éléments à notre disposition.

    C'est le matin où un autre enfant avait disparu qu'une lettre est arrivée à notre bureau. Une lettre qui m’était spécialement destinée. Dans celle-ci, une simple photo, avec au dos une inscription :


    "Tic...Tac... :-) "

    La photo était superbement prise, il faut l'avouer. Elle représentait une route, bordée de feuilles mortes, s’enfonçant dans une forêt. La photo était prise du centre de la route. Au milieu de celle-ci était posée un panier. L'angle de vue était tel qu'il était impossible de voir ce qu'il y avait dans celui-ci. Au bord de la route on distinguait de grands pins majestueux. En agrandissant l'image, j'ai pu noter que celle-ci était parsemées de petits grains de maïs.

    C'est juste ce dont j'avais besoin pour retrouver l'endroit de la photo. En effet, je savais que dans la région, il y avait énormément de champs de maïs, mais il n'y en avait qu'un seul dont le chemin du retour à l'entrepôt passait par une forêt.

    Et j'avais raison, nous avons rapidement trouvé l'endroit précis où avait été prise la photo. Mais il n'y avait plus aucune trace du panier. La police avait passé la forêt au peigne fin, ainsi que les champs de maïs environnants et les entrepôts. Mais aucune trace des enfants disparus. Au bout de deux journées de recherche intensive, nous avons fini par conclure que c’était une fausse piste. La photo avait sûrement été envoyée pour nous distraire des pistes qui nous mettrait sur les traces du criminel.

    Pourtant le lendemain, je sentais que je n'en avais pas fini avait cette photo. Je l'ai analysée une nouvelle fois, un détail m'avait peut être échappé... Et c’était le cas. C’était tellement gros, que ça ne m'avait pas sauté aux yeux de suite. Je suis tellement habitué à flatter mon ego en trouvant des indices indécelables pour la plupart des gens, que les choses évidentes ne m'interpellaient plus. Et ça a été ma plus grande erreur.

    En regardant la photo, c'est les feuilles mortes qui m'ont semblé bizarres... Sur le côté de la route, il y avait des pins. Les pins ont des aiguilles. Pas des feuilles. Et les aiguilles ne tombent pas en automne.
    Nous sommes retourné sur les lieux et avons creusé à l'endroit ou étaient les feuilles mortes sur la photo. Nous avons retrouvé 10 crânes d'enfants, dont un dans un panier. Avec eux, était aussi enterré un petit cercueil, dans lequel se trouvait le cadavre d'une petite fille. Une note était attachée à ses vêtements :

    « Il y avait assez d'air pour qu'elle tienne une journée. Vous auriez pu la sauver. »

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    On connait tous cette histoire.

    Vous descendez les escaliers, car vous avez entendu votre mère vous appeler. Elle vous appelle par votre prénom. Elle est dans la cuisine. Mais arrivé là, vous vous retournez pour découvrir à nouveau votre mère, cachée sous les escaliers. "Ne va pas dans la cuisine", dit-elle. "Moi aussi, je l'ai entendue".

    C'est juste une de ces histoires idiotes.

    Mais imaginez ce qui arrive après. Vous devez faire un choix. Vous, un enfant si jeune, devez prendre une décision. Vous vous souvenez de tout : Vous regardiez votre mère, sous l'escalier. Même maintenant, vous vous souvenez de l'expression qu'avait son visage. Elle tremblait de peur, le regard empli de terreur. "Viens ici", disait-elle. "Vite !"

    Mais de l'autre coté se tenait votre mère dans la cuisine. Elle vous regardait d'une manière étrange. Mais elle était si grande, dominante. Comme si elle pouvait vous protéger. Alors, vous avec couru vers elle. Vous n'aviez que 4 ans, qu'auriez-vous pu faire d'autre ?

    Elle avait hésité quelques instants, avant de vous enlacer en retour. Et, à ce moment-là, la mère qui était sous l'escalier avait disparu. Pour toujours.

    Vous avez fait un choix. Vous avez grandi avec cette décision. Mais, quelques fois, vous vous posez des questions. Votre mère vous regarde, quelques fois, avec une expression étrange. Comme si elle ne vous reconnaissait pas. Plus vous vous approchez de l'age adulte, plus vous vous éloignez l'un de l'autre.

    Puis un jour, vous entrez au lycée. Elle vous regarde encore, curieusement, distante. Elle vous embrasse, mais juste un court instant, avant de vous laisser. Et pour la première fois de votre vie, vous vous posez la bonne question :

    Avez-vous fait le bon choix ?
    Avez-vous choisi la bonne mère ?

    Et, pour la première fois, vous voyez clair à travers ses yeux. Vous comprenez enfin ce qui la trouble. Elle pense la même chose que vous.

    A-t-elle choisi le bon enfant ?

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