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    Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de mon père et je lui ai fait un cadeau. Je ne suis généralement pas très douée pour ce genre de choses mais il était satisfait, même carrément heureux. C'était le principal. Je n’aime pas décevoir mon père. En réalité, j’avais vraiment peur de sa réaction. J’avais peur qu’il réagisse mal. Il peut être violent parfois, donc l’avoir vu comme ça m’a beaucoup surprise et énormément soulagée. Ça m’a demandé beaucoup de courage pour le lui donner. Mais ça valait le coup.

    Cette année, j’ai fait des efforts pour cette occasion. Je ne voulais pas lui offrir quelque chose de banal comme les années précédentes. Je voulais quelque chose qui lui soit utile. Quelque chose d’exceptionnel, de merveilleux. Ça n’a pas été facile mais j’ai réussi. Et j’en suis fière. Je m’y suis tellement bien prise que ça ne pouvait être que parfait.

    Ce matin, je me suis donc levée plus tôt que prévu. Il fallait que tout soit prêt avant qu'il se lève. Et je n'avais pas beaucoup de temps. J'étais à la fois stressée et excitée devant mon miroir. C'était d'ailleurs la première fois que je passais autant de temps dans une salle de bains. Cela dit, le cadeau était enfin prêt. Je suis rapidement descendue dans le salon après avoir entendu du bruit dans sa chambre. J'ai pris une grande respiration lorsqu'il a passé le seuil de la porte. Son visage inexpressif s'est aussitôt métamorphosé. Un long sourire accompagné de quelques larmes de joie, mon père était heureux.

    Il a détaché le ruban rouge autour de mon cou. Ce maquillage sur mes yeux et ma bouche, cette tenue légère et provocante... Il ne pouvait plus en détacher son regard. J'ai pris sa main et l'ai posée sur ma cuisse en lui souhaitant : "Joyeux anniversaire Papa !"

    Tu te sentiras moins seul désormais.



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    Il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que je vis : je suis bel et bien en Enfer.

    Je ne sais pas vraiment pourquoi... Enfin,  je ne vois aucune raison qui expliquerait ma présence ici, mais bon. Je ne connais aucun endroit sur la planète qui ressemble à celui-ci. L'enfer, ou du moins la partie de l'Enfer où je me trouve, ne ressemble pas vraiment à ce que vous pourriez imaginer. Ce n'est pas une caverne remplie de feu et de flammes, et de démons rouges qui me tourmentent.

    Au lieu de ça, il y a juste un grand désert, vide. Il n'y a personne ici, à part moi. Maintenant, vous devez penser que ce n'est pas si mal, finalement. Ça pourrait être pire. Mais, croyez-le ou pas, ça l'est. Même si je suis en Enfer, j'ai toujours faim. Cela doit être ma punition. Je suis perpétuellement affamé. Et il n'y a rien à manger dans ce désert. Rien, excepté cet animal. Et il me nargue, comme s'il savait pour ma faim insatiable. Evidemment, j'essaie de l'attraper pour me nourrir. Et c'est là que ça devient mauvais.

    Vu que c'est l'Enfer, cet animal ne peut pas être attrapé. Chaque fois que j'essaie, à chaque fois que je suis sur le point de l'attraper ou de le tuer, il parvient miraculeusement à s’échapper. Donc, ceci est mon destin. Une faim éternelle, et de la nourriture à portée de main, mais inaccessible.

    Parfois, je me prends à être inventif, à tester de nouvelles idées pour attraper ma proie, espérant que cette fois sera la bonne. Il y a une sorte de présence invisible ici qui me donne de nouveaux outils pour m'aider, mais ce n'est pas par bonté ou compassion, juste pour le plaisir de me voir échouer une nouvelle fois. Pour maintenir en moi une lueur d'espoir. Après tout, si j’étais sûr de ne jamais pouvoir attraper ce foutu animal, je ne souffrirais pas autant, n'est-ce pas ?

    D'autres fois, je décide de ne pas jouer le jeu de mes tourmenteurs. Je refuse cette chasse inutile, et j'essaie de trouver une autre façon de passer le temps. Mais la faim ne cesse jamais, et ce n'est qu'une question de temps avant que je ne reparte à la chasse.

    Et, si la faim ne m'y oblige pas, l'ennui le fait. C'est là toute la beauté de l'Enfer, je peux cesser cette torture quand je le souhaite, mais quand je le fais, il n'y a littéralement rien d'autre à faire.
    L'ennui ou un acte futile perpétuel. C'est l'Enfer.

    Je peux juste espérer que quand je l'atrapperai enfin, le goût du BIP BIP en vaudra la chandelle.


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    "Fiston, nous devons avoir une discussion à propos d'internet"

    C'est ce que j'ai dit à mon fils alors qu'il était sur son ordinateur. Il était en train de jouer a Minecraft, sur un serveur public. Il était absorbé par le jeu, les yeux rivés sur son écran. On pouvait voir des lignes de conversations défiler sur le canal de discussion.

    "Fiston, peux-tu arrêter ton jeu quelques minutes ?"


    Pour une fois, il a accepté de quitter le jeu et d'éteindre l'ordinateur. Il m'a demandé si j'allais encore lui raconter une de mes "histoires ringardes". J'ai fait semblant d'avoir le cœur brisé en lui faisant remarquer que d'habitude, il avait l'air de les aimer, mes histoires ringardes.

    Il avait grandi en écoutant mes histoires, qui parlaient d'enfants rencontrant des sorcières, des fantômes, des loups-garous, des trolls... Comme beaucoup de parents, j'ai utilisé ces contes pour, en quelque sorte, apprendre la prudence à mon fils. Les pères célibataires comme moi se doivent d'user de tous les outils mis à notre disposition pour l'éducation des enfants.

    Il m'a gentiment dit que ça lui plaisait quand il avait six ans, mais que maintenant qu'il avait grandi, ça ne lui faisait plus peur et qu'il trouvait même ça un peu stupide. Il a ajouté qu'il voulait bien en écouter une quand même sur internet, mais seulement si je la rendais vraiment très effrayante.

    J'ai un peu hésité, mais il m'a rappelé qu'il avait 10 ans et qu'il n'était pas un froussard, alors j'ai dit que j'allais essayer.

    On est descendus dans le salon, et j'ai commencé à raconter l'histoire.

    "Il était une fois, un garçon nommé Colby..."

    On pouvait voir la déception sur son visage. Il avait l'air de se dire "encore une histoire pour gamins de papa".


    Colby s’était connecté à internet et avait navigué sur plusieurs sites pour enfants. Au bout d'un moment, il avait commencé à parler à d'autres enfants, via des jeux online, ou sur des forums. Il s’était lié d'amitié avec un autre garçon de 10 ans, nommé Helper23. Ils aimaient les même jeux vidéo et les mêmes séries. Ils rigolaient aux blagues de l'un et l'autre. Ils découvraient de nouveaux jeux ensemble.

    Après plusieurs mois d'amitié, Colby avait offert 6 diamants dans le jeu sur lequel ils jouaient alors. C’était un cadeau très généreux. L’anniversaire de Colby s'approchait à grands pas, et Helper23 voulait lui offrir un super cadeau dans la vraie vie. Colby avait pensé que ce ne serait pas grave s'il donnait son adresse à Helper23, à condition qu'il promette de ne pas la divulguer à des étrangers, ou à des adultes. Helper23 avait juré de ne rien dire, même pas à ses propres parents, et avait posté le colis.


    J'ai interrompu mon récit pour demander à mon fils s'il pensait que c'était une bonne idée que l'enfant donne son adresse à Helper23. Il a dit que non. Malgré lui, il avait fini par se laisser emporter par l'histoire.


    Eh bien, Colby ne trouvait pas l'idée bonne non plus. Il se sentait coupable d'avoir donné son adresse, et sa culpabilité ne faisait qu'augmenter, de plus en plus. Alors qu'il enfilait son pyjama la nuit suivante, sa culpabilité et sa peur étaient telles qu'il n'avait jamais ressenti quelque chose d'aussi fort auparavant. Il s’était convaincu d'avouer la vérité à ses parents. La punition serait dure, mais au moins il aurait la conscience tranquille. Il s’est glissé dans son lit, en attendant que ses parents viennent lui souhaiter bonne nuit.


    Mon fils savait que la partie effrayante allait venir. Malgré ce qu'il avait dit avant, il était quand même un peu angoissé, et agrippait fermement mon bras.

    Colby entendait le moindre bruit de sa maison. La machine à laver qui tambourinait dans la pièce d'à côté, les branches d'arbres qui frappaient les vitres, son petit frère qui dormait dans la chambre voisine. Et d'autres bruits... qu'il ne pouvait pas identifier. Puis les bruis de pas de son père qui s'approchait de la porte de sa chambre.


    "Papa ?" avait-il dit nerveusement. "J'ai quelque chose à te dire."


    Son père a alors passé la tête dans l’entrebâillement de la porte, mais l'angle de celle-ci était bizarre. Dans l'ombre, il semblait que sa bouche ne bougeait pas et que ses yeux n’étaient pas normaux.


    "Oui, fiston ?"


    La voix n’était pas normale non plus.


    "Tout va bien, papa ?" a demandé Colby


    "Oui, oui" a répondu le père, toujours avec cette voix bizarre. Colby s'est enfoncé dans les couvertures, inquiet.


    "Hum... Maman est là ?"


    "Me voilà !" La tête de sa mère a émergé en dessous de celle de son père. Sa voix semblait fausse, forcée.
    .
    "Allais-tu nous dire que tu as donné notre adresse à Helper23 ? Tu n'aurais pas dû faire ça ! Nous t'avons toujours dit de ne pas révéler tes données personnelles sur internet !"

    Elle a continué.

    "Ce n’était pas un enfant ! Il faisait juste semblant d'en être un. Tu sais ce qu'il a fait ? Il est venu chez nous, a pénétré a l’intérieur, puis nous a assassinés, tous les deux ! Juste pour passer un bon moment avec toi !"

    Un homme a alors émergé de derrière la porte de sa chambre, tenant dans ses mains deux têtes tranchées. Colby hurlait et haletait, tandis que l'homme laissait tomber les têtes sur le sol, dégainant un large couteau. Il est entré dans la chambre, et s'est dirigé vers le garçon.

    Mon fils avait hurlé également. Il se protégeait les yeux avec ses mains. Mais l'histoire ne faisait que commencer.

    Après plusieurs heures, le garçon était quasiment mort, et ses cris s’étaient transformés en pleurs. Le tueur avait alors remarqué les lamentations d'un bébé venant de la chambre voisine. C’était un régal pour lui, lui qui n'avait jamais encore assassiné un bébé, et était alors enthousiaste à cette idée. Helper23 a retiré le couteau du ventre de Colby le laissant à l'agonie, avant de suivre les cris dans la maison, comme un appel des sirènes.

    Dans la chambre du bébé, il s'est approché du landau, et a pris le nourrisson dans ses bras. Il s'est dirigé vers la lumière pour mieux le voir. Alors qu'il le tenait dans ses bras, les pleurs du bébé se sont arrêtés. Il souriait. Helper23 n'avait jamais encore tenu un bébé dans ses bras, mais il le berçait comme s'il avait fait ça toute sa vie. Il a essuyé ses mains ensanglantées sur une couverture, afin qu'il puisse caresser la joue du bambin.

    "Hé, coucou toi !"

    La lueur de sadisme dans son regard s’était éteinte, laissant place à un regard bienveillant et chaleureux. Il est sorti de la chambre, l'a nommé William et a décidé de le ramener chez lui pour l'élever comme son propre enfant.

    Une fois mon histoire finie, mon fils était visiblement troublé. Entre deux respirations saccadées, il a balbutié : "mais papa... Je m'appelle William aussi !".

    Je lui ai fait un clin d’œil complice, tout en caressant ses cheveux.

    "Je le sais bien, fiston."

    William est remonté dans sa chambre en courant, et en pleurant toutes les larmes de son corps.
    Mais au fond... Je pense qu'il a aimé l'histoire.


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    Attention :

    Lisez cette sentence à voix haute : Bonjour, Molly.

    Si vous la lisez à voix haute comme indiqué, vous êtes sauvé.

    Si vous l'avez lu dans votre tête… Molly est sauvée, aussi.

    Mais dans votre tête.

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  • Dessin par Draikinator auteur de Pokémon Tarnished Gold
    “Pardon, monsieur. Combien pour ceci ?”

    “Gratuit, prends-le.”

    “Quoi ? Vous êtes sur ? Je peux vous l'ach-“

    “J'ai dit que tu pouvais le prendre ! Maintenant fous le camp !”

    Ceci est le bref échange que j'ai eu avec un jeune homme dans les 28 ans dans un marché aux puces où j'étais allé. J'ai toujours trouvé des trucs intéressants dans les vide-greniers et les marchés aux puces. J'y vais d'habitude pour des bouquins, mais il m'arrive de trouver d'autres choses qui valent le coup.

    Je n'avais pas trouvé de livres cette fois là ; les ventes se limitaient aux jouets, fringues pour jeunes enfants et bébés, et quelques trucs qui serviraient à une jeune mariée. Tenues de soirées, des livres Harlequin (Je ne peux pas lire des trucs trop romantiques, je préfère les romans policiers), bijouterie et quelques boites à maquillage, la grande majorité déjà utilisées.

    Je trouve ça de mauvais gout d'utiliser des boites à maquillage déjà usées. Si on en a plus besoin, autant la jeter. Faut pas jouer avec des trucs qui ont touché quelqu'un d'autre…c'est anti-hygiénique. Je gardai ces pensées pour moi-même, cependant, en continuant mon périple.

    Alors que j'allais repartir, une chose bleue cachée sous une peluche de lapin usée attira mon attention. Les couleurs m'ont toujours piégé ainsi, surtout le bleu, alors j'ai soulevé la peluche pour regarder. A ma surprise, c'était une cartouche de Pokemon Bleu. Je n'en cherchais pas une spécialement, mais j'ai ressenti de la nostalgie…même si la 1ère génération n'était pas ma préférée, ça reflétait une époque simple de ma vie.

    LA cartouche avait le mot ‘Larmes’ écrit en noir sur l'image de Tortank. J'imagine que c'était un pseudo ou même genre, peut-être que l'ancien propriétaire pleurait beaucoup. C'est le genre des enfants, ces trucs, peut-être qu'ils étaient assez jeunes pour être des ‘pleurnichards’ et que ‘Larmes’ était un meilleur nom…Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, j'ai eu le jeu pour rien, mais j'ai laissé 1$ sur la table quand même, pour me sentir moins coupable.

    En rentrant chez moi, J'insérai le jeu dans ma GBA SP et l'alluma. Le son à l'écran titre était distordu…C'était la musique habituelle mais le ton était descendu énormément dans les graves, donnant un espèce de grognement…c'était…indescriptible. Naturellement, j'imaginais que c'était à cause de l'age, mais je tentai de jouer jusqu'à ce que ça plante.

    L'ancien proprio, ce ‘Larmes’, avait laissé son fichier (comme je m'y attendais venant d'un jeu d'occase) mais pas d'infos sur le temps de jeu, pas de nom, rien de ce genre qui s'affichait lorsque la partie était sélectionnée. Curieux, Je choisis de lancer le fichier, juste pour voir. Un enfant peut avoir une intéressante partie avec des noms imaginatifs pour ses créatures…Une imagination innocente qui se raréfiait avec le temps et l'age…

    Après avoir choisi la partie, j'arrivai sur un écran noir et du silence. Je me sentis déçu ; on dirait que le jeu avait déjà planté. J'allais éteindre quand un message apparut à l'écran.

    Je commençai à lire, mais le texte s'affichait très lentement, anormalement lentement :

    ……….


    On m'a tout volé…


    Mon titre de champion…


    Le respect de mon grand père…


    …Même mes Pokemon sont morts par ta faute…


    …Tu me le paieras…


    Je viendrai te retrouver.

    J'étais confus…Qui parlait ? Et à qui ? Mon coeur commença à battre par ce qui semblait être de la peur…J'avais déjà eu ça, mais je savais que ce n'était pas normal… mais la curiosité me maintenait dans le jeu.

    L'écran noir fondit, La musique de la Tour Pokémon se joua normalement…Le son n'était pas cassé comme au début.

    La scène se révéla et je reconnus l'endroit où j'étais, la Tour Pokemon. Le sprite du rival, Blue, était face à une des tombes de la tour. Il restait là quelques minutes, la musique morbide continuant à jouer durant ce silence, avant qu'il ne finisse par dire, “…Aujourd'hui c'en sera fini…pour nous deux.”

    Avec ça, il quitta la tour, l'écran le suivant. Une fois à l'extérieur de la tour, la musique ne changea pas pour le thème déprimant de Lavanville…non, la musique de la tour continuait en boucle…Bien que je voulais baisser le volume, je n'y parvenais pas.

    Je ne pouvais pas bouger le perso après ça. Je ne savais pas si ça venait d'un bug venant d'un jeu hacké, ou si c'était le perso qui hésitait. Après une autre minute, il finit par dire, “…Vol…” Même s'il n'y avait pas de voix audible avec le jeu, avec la vitesse du texte qui s'affichait, il yavait presque un sentiment de dépression en lui.

    J'ouvris le menu et regarda le statut de Blue, Il n'avait qu'un Roucool qui n'avait pas de niveau…Je regardai ses stats, La seule attaque qu'il avait était ce que lui demandait Blue ‘Vol’, et toutes ses stats (sauf les HP) étaient à zéro. Trouvant ça étrange, je passai à côté et choisis Vol.

    Quand la carte s'ouvrit, tout était noir et il y avait un seul point de destination ‘Mt. Argenté’…Je sais que c'était impossible. Le Mt. Argenté était à Johto qui n'existait pas encore durant cette génération de jeux pokémon…Mais c'était ma seule destination, alors je la choisis. L'animation typique du dresseur qui laisse place à un sprite d'oiseau apparut et j’atterris, j'en suis sur, devant l'entrée du Mt. Argenté.

    Au lieu que l'image de l'oiseau laisse place à celle de Blue à l'atterrissage, son image bougea à sa gauche. L'oiseau et le dresseur se firent face pendant une minute avant que le son qu'on entend quand on entre ou sort d'une porte se fit entendre, mais à un ton plus aigu. Comme si quelque chose se brisait.

    Quand Blue parla, “Envole-toi, tu es libre…” je supposai que le son était finalement celui de la pokéball qui se brise. Le Roucool fit son cri une dernière fois avant d'obéir à son dresseur et s'envoler. Après l'envol de son dernier pokémon, la musique de la tour joua encore, il fit face à l'entrée, “…Je viens pour toi…”

    J'avais l'impression que c'était une mission de vengeance…et vu la manière dont c'était dit, une vengeance de la manière la plus sombre possible. Cela me poussa à regarder ses objets, je sais pas pourquoi ça m'a traversé l'esprit…mais dans les circonstances actuelles, je sentis que j'y trouverai quelque chose. Et ça n'a pas raté.

    Il n'y avait qu'un seul objet dans la liste, POIGNARD, un objet vraisemblablement pas programmé dans le jeu à la base. A chaque fois que je le sélectionnai pour voir, Blue disait “Pas encore…” Après ça, je ne pouvais plus contrôler le perso. C'est comme s'il voulait que je voie ce qu'il avait juste pour deviner son dessein, mais c'était tout…le reste, c'était son affaire.

    Blue marcha dans la caverne, trouvant son chemin dans ce labyrinthe pierreux, sans rencontrer un seul pokemon, mais j'entendais des faibles cris de pokémon derrière la musique…Je n'en suis pas sur, mais je crois qu'ils ressentaient les émotions sombres de Blue…et ils pleuraient l'avenir.

    Finalement, il atteignit l'endroit où se trouve Red dans Pokémon Or et Argent. Blue ralentit un peu en approchant son rival, et la musique, comme si elle n'était pas assez morbide déjà, avait son ton qui baissait de plus en plus dans les graves, lui donnant une atmosphère bien pire…

    Les deux rivaux se firent face et Red salua Blue avec le silence qu'on voit dans Pokémon Or et Argent. Cependant, Blue ne l'a pas bien pris car il se mit à hurler, “ Ne m'ignore pas comme si tu avais tout et tous les autres !

    Une bataille commença mais la musique ne changea pas, la musique modifiée de la tour Pokémon continua. A ce moment, des invités sont entrés et étaient ennuyés par la musique, alors je dus mettre des écouteurs car j'étais toujours incapable de baisser le volume…aussi dérangeant que ça soit, la musique semblait m'hypnotiser.

    Je regardai l'écran alors que la bataille commençait. Evidemment, comme Blue n'avait plus de pokémon, il n'appela rien. Red non plus. dans les options, il n'y avait pas ‘Atk, PKMN, Obj, et Fuir’ ; il n'y avait que ‘Obj’ alors, évidemment, il le sélectionna.

    Le seul objet était celui mentionné plus haut, POIGNARD. Il fut sélectionné rapidement et ça revint à l'écran de bataille ; Maintenant, il n'y avait plus que l'option ‘Atk’. Dans le menu d'attaque, Blue n'avait qu'une attaque à sa disposition…MEURTRE…Je ne pouvais toujours pas reprendre la main sur le jeu, il n'y avait pas d'option Fuir, je ne pouvais pas non plus me pousser à éteindre face à cette dérangeante expérience…le seul choix était de rester là et laisser Blue tuer Red.

    Après la sélection de l'attaque, Blue cria, “ça c'est pour tout !” et l'animation de l'attaque Charge se joua sur le sprite des deux dresseurs, mais Blue avait l'animation qui se répétait plusieurs fois de suite. La musique sombre commençait à reprendre son ton normal mais partit carrément dans les aigus…c'était douloureux à entendre dans les écouteurs, mais je ne les ai pas enlevés.

    Le sprite de Red bougeait à chaque coup, perdant ses HP qui arrivèrent à zéro ; un grincement étranglé se fit entendre par dessus la musique, la remplaçant brièvement alors que le sprite de Red fondit dans ce qui semblait êtr ele sprite d'un cadavre décomposé avant de disparaitre complétement de l'écran.

    Mon coeur battait, je commençais à développer une migraine, et mes yeux restaient collés à l'écran alors que le reste de la scène se jouait. Quand la musique remplaça l'écran encore une fois, un autre message apparut. Blue parlait.

    “……………………………………

    …………………………….

    …………………….

    On se reverra en enfer…”

    Les options de combat apparurent à nouveau, ‘Atk’ était toujours la seule option. Blue la sélectionna, mais au lieu de ‘MEURTRE’ l'attaque était ‘SUICIDE’. Il y eut un moment d'hésitation, mais Blue finit par s'attaquer à lui-même avec un peu moins de fureur qu'avec Red. Alors que ses HP descendirent à zéro, un grincement étranglé comme celui de Red recouvra la musique, son sprite disparut comme celui de Red. Mais…quand le corps ‘décomposé’ fondit, il ne faisait pas face au champ de bataille…

    Il me faisait face.

    Les grincements continuèrent, le son augmentait de volume tout seul, rendant le son douloureux et accélérant ma migraine…et j'avais toujours mes écouteurs. Mes yeux restaient fixés sur les trous vides où se trouvaient les yeux de Blue alors qu'il hurlait, alors que l'écran commença à clignoter. doucement d'abord, puis de plus en plus vite, jusqu'à l'effet stroboscopique. Le ‘hurlement’ grandit en volume encore un coup avant de cesser, l'écran virant au noir.

    Je retenais mon souffle, mon coeur battant tellement fort qu'il en faisait mal…j'espérais profondément que ce soit fini…Vu que je ne pouvais rien faire…ou même entendre aucun bruit dans les écouteurs, je craignais que ce ne soit pas le cas…et j'avais vu juste.

    Un texte écrit en blanc apparut sur ce fond noir, lentement, et je lus, alors que chaque mot se formait :

    J'ai finalement eu ma revanche.


    La vie que TU as ruiné a disparu.


    Mais ne crois pas que ce soit fini.


    Ma souffrance a pris fin, mais la tienne vient de commencer.


    Je la regarderai avec un sourire aux lèvres.


    Et quand tout sera fini…





    Je te reverrai en enfer…

    Et bien que ma batterie était pleine avant de lancer le jeu, la lumière de la batterie vira au rouge et tout le système s'éteignit…et mon nez commença à saigner quelques secondes plus tard…Je…Je ne peux pas vous décrire la terreur que j'ai senti après ça…Je ne pourrai jamais vous décrire la terreur de ce que je ressens encore…

    Vous savez, le jour suivant aux infos, ils ont annoncé que l'homme qui m'avait donné le jeu, je tairai son nom, avait appelé la police, disant qu'il avait tué sa femme 3 jours avant et l'avait enterrée dans son jardin…Quand ils avaient atteint sa maison, ils l'ont trouvé au téléphone, mort…il s'était suicidé en se tranchant la gorge. Il a été aussi mentionné que, quelques semaines avant, son enfant de 8 ans avait tué son frère de 6 ans et s'est suicidé…

    Je suis sur que le jeu y est pour quelque chose…et je suis le prochain…Je ne sais pas combien de temps il me reste…ni qui mourra de ma main…mais il fallait que vous le sachiez…

    Ne jouez jamais à Bleu Larme.

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