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    J’ai une manie qui est devenue depuis peu extrêmement dérangeante: je me passe la main dans les cheveux. C’est vrai que beaucoup de personnes le font, et ça n’a jamais dérangé personne. Mais certaines fois, il y quelque chose, dans les gestes du quotidien, qui peut changer d’un moment à un autre. 
    C’était il y  a quelques jours. J’étais extrêmement occupée à me passer la main dans les cheveux tout en mordillant un crayon ( c’est ce que j’appelle « faire mes devoirs »), et là, tout à coup, j’ai stoppé mon mouvement. Non, ce n’est pas vraiment ça… je ne l’ai pas stoppé, je l’ai ralenti. Je ressentais, au niveau du haut de la tête, une sensation de gêne, qui se muait peu à peu en douleur. Ce n’était pas une douleur très forte, c'était très léger, la même que quand on s’arrache un cheveu par mégarde. 

    Mais quelques minutes plus tard, je n’y ai plus pensé, et j'ai repassé ma main de plus belle dans ma tignasse. Jusqu’à ce que… La même douleur, mais plus forte, est venue à nouveau m’arracher à mon mordillage de crayon. La douleur s’intensifiait, et en arrivait au point où, tout en me retenant de gémir, je repassais ma main sur mon crâne pour m’assurer qu’il n’y avait pas de plaie. Mais non, rien. Pas même la plus insignifiante égratignure. J'ai reposé ma main sur mon bureau. Puis, reprenant lentement ma respiration, je me suis levée pour appeler ma mère, ou ma soeur, pour vérifier si il n’y avait rien d’inquiétant sur ma tête. J'ai passé la tête par la porte entrebâillée, et j'ai crié : « Maman ? » Aucune réponse. « Lilas ? » Je n'ai eu comme réponse que le faible écho de ma voix J’étais seule chez moi. Ma mère était sans doute dans les embouteillages, et ma soeur, chez une de ses amies. Quand à mon père… je n’ai plus le droit de le voir.


    Je suis sortie de ma chambre. Puisque personne n’était là, j’aillais devoir vérifier seule si quelque chose n’allait pas. Je me suis postée devant le miroir de la salle de bain, et, après avoir réussi à trouver un moyen de regarder le haut de mon crâne, j'ai réalisé qu’il n’y avait bel et bien rien, à part mes cheveux. Je suis retournée m’asseoir à mon bureau, pensive. Cette douleur n’était peut-être que le fruit de mon imagination, après tout. Par peur d’ouvrir une quelconque blessure sur ma tête, j'ai quand même décidé de garder mes mains à une distance raisonnable du haut de mon corps, en attendant que ma mère arrive. J’ai essayé de ne plus y penser, et je me suis plongée dans un exercice de maths particulièrement compliqué.

    Plusieurs minutes se sont écoulées avant que j’entende le bruit. Combien de temps? Je ne sais pas. 

    Mais ce délai n'a pas d'importance. C'était un simple crissement, ou plutôt un grincement, le genre qu'on peut entendre dans toutes les maisons. C’était le premier bruit qui perçait le silence studieux dans lequel je m’étais peu à peu installée. Le bruit a continué, puis, après un temps assez court, s'est arrêté net. J'ai tendu l’oreille, pour entendre à nouveau ce bruit, mais le silence était retombé . J'ai repris mon exercice de maths. 

    Le crissement revenait sans cesse me déranger dès que je commençais à l’oublier. J'ai secoué la tête, agacée. Et c’est là que je l’ai vue. C’était une sorte de poudre grisâtre, qui s’était déposée sur mes vêtements. Ce n’était pas de la poussière. Je me suis retournée sur ma chaise pivotante. Quand j’ai vu le sol, derrière moi, j’ai étouffé un hoquet de stupeur. Des petits bouts de cheveux blonds, étalés partout devant mon bureau, se mêlaient à l’étrange poudre grise. C’était mes cheveux.
    J’ai eu soudainement l’impression que l’atmosphère s’épaississait. Puis le temps a repris normalement. Je me suis sentie perdre l’équilibre, puis j’ai glissé de ma chaise. Je contemplais avec horreur mes cheveux éparpillés sur le sol, sans comprendre ce qui se passait. Et puis j’ai à nouveau ressenti la douleur, mais là, je sentais plusieurs égratignures et quelques plaies sut mon crâne. J'ai fermé les yeux quelques instants, puis les ai ouverts à nouveau. 
    Quelque chose obstruait ma vue, c’était comme une grande tache sombre. La masse d’ombre a reculé. Très lentement. J’ai encore entendu le crissement, mais cette fois-ci, plus près de mon oreille. J’ai essayé de bouger, mais je sentais quelque chose qui entravait mes mouvements. Je ne pouvais pas crier, je sentais comme une main qui faisait pression sur ma bouche et qui empêchait le moindre son de sortir, j’avais la sensation que du coton envahissait ma gorge mais sans m’empêcher de respirer. Je ne voyais pas bien ce qui se passait, des larmes embrouillaient ma vue. 

    Au bout d’un instant, le crissement a cessé et j’ai vu la masse d’ombre qui reculait encore, jusqu’à apparaître nettement dans mon champ de vision. 
    J’aurais voulu crier encore plus fort. Je ne pouvais pas. C’était une créature extrêmement fine, dont la peau était faite d’ombres et dont les muscles avaient fondu, mais malgré son apparence frêle, elle dégageait une impression de puissance. Sa tête penchait d’un coté à un autre, ses petits yeux sombres me fixaient et sa bouche aux dents acérées semblait vouloir m’avaler. Mais ce n’est pas moi que la bouche allait avaler. Enfin, pas vraiment moi.

    J’ai entendu le crissement une seconde fois, et un peu de l’étrange poudre est tombée sur mon épaule, rapidement suivie par une touffe de cheveux. Je ne sais pas trop ce qui se passait, mais je crois que la créature sciait mes cheveux avec ce qui devait être ses ongles. 
    Je voulais fermer les yeux. Je ne pouvais pas. 
    Je ne me souviens pas vraiment de tous les détails, car j’étais vraiment terrifiée, comme n’importe qui dans cette situation. Mais il y a une chose qui est encore bien ancrée dans ma mémoire. La créature, après avoir coupé mes cheveux, a commencé à me faire des entailles sur le haut du crâne. Puis elle a passé sa main sur ma tête comme pour la caresser, et j’ai senti mon sang se faire aspirer, par toutes petites doses. C’était insupportable. Je sentais que j’allais m’évanouir, mais tout comme je ne pouvais ni crier, ni bouger, quelque chose m’empêchait de tourner de l’œil. 

    Je ne me souviens pas très bien de la suite. Seul le moment où elle s’était mise à me prendre mon sang est encore net dans mon esprit. Je crois l’avoir vue avaler mes cheveux dilués dans du sang, puis partir après avoir fini son… son repas. Je pense que c’est ça. Son repas. Ensuite, je me souviens juste que je suis restée quelques secondes sans bouger ni crier, même si j’en avais la possibilité. J’étais trop choquée par ce que je venais de subir. J’ai fini par m’évanouir. 


    Puis je me suis réveillée, par longtemps après mon évanouissement je suppose, puisque ni ma sœur ni ma mère n’étaient encore là. Quand j’ai rouvert les yeux, j’ai constaté qu’il n’y avait plus aucune trace de ce qui s’était passé. Enfin, presque. Quelques taches de rouge presque imperceptibles s’étalaient sur le plancher. Et puis surtout, le plus visible : mes cheveux avaient raccourci. Après avoir jeté un œil à mon reflet pour constater l’étendue des dégâts, je me suis mise à réfléchir à comment faire en sorte que ma mère ne se doute de rien. 
    Quand ma mère est rentrée, je lui ai dit que c’était moi qui les avais coupés. Elle n’a rien dit. Elle était sans doute déjà préoccupée par des questions vitales du style « qu’est-ce qu’on mange ce soir? », « Quand trouverai-je enfin le temps de changer le tableau dans le salon? » et plein d’autres questions toutes aussi importantes. J'en ai été soulagée. Je n'aurais pas aimé être soumise à un interrogatoire de sa part. 

    J’écris ça plusieurs semaines après cet événement. Vous vous demandez sans doute pourquoi je n’ai parlé de ça à personne. La réponse est : je ne sais pas. À chaque fois que je tente d’approcher quelqu’un pour lui en parler, je fais demi tour. Je ne sais pas pourquoi. 
    Je ne sais pas si quelqu’un lira ça un jour. Mais si jamais ça arrive, je n’ai qu’une chose à  dire: faites attention. La créature ne tue pas, et les blessures qu’elle donne ne sont au final que superficielles. Je ne pense pas qu’elle fasse ça pour le plaisir, mais plutôt pour se nourrir. Les blessures que vous pourriez subir ne seraient pas physiques mais psychologiques. Ne croyez pas que je n’ai gardé aucune séquelle. Je ne me coupe plus les cheveux, de peur de faire ressurgir des mauvais moments. Je ne passe plus aucune nuit sans que le visage de la créature ne revienne hanter mes rêves. Et puis plein d’autres choses. 
    Donc faites attention quand vous êtes seuls chez vous. Sa présence est parfois imperceptible…

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    "Nous sommes en 1999."

    Cette phrase me ramène à l'époque de mes cinq ans, quand j'étais en grande section et qu'on lisait chaque jour la date sur le tableau noir. Toutefois, dans mon esprit, l'année 1999 a laissé une tache. C'est un souvenir que, quoi que je fasse, je n'arriverai jamais à oublier. 1999 marque la perte de ma première dent, mon premier voyage en avion ; et aussi, malheureusement, la perte précoce de mon innocence. 


    Tout a commencé avec la nouvelle télé. À cette époque, Pokémon était la dernière mode à inonder l'école. Les cartes, les jeux, les autocollants, et le plus populaire, le dessin animé. Donc bien sûr, chaque fois que je rentrais de l'école, j'allais me coller devant le poste jusqu'à l'heure du show, 17h. Le seul problème, c'est que mon père regardait le journal télévisé à 17h30, et les épisodes étaient les uns à la suite des autres. Donc chaque jour, j'en ratais un, ce dont je me plaignais à longueur de journée. Mon père commençait à être fatigué de m'entendre pleurnicher tout le temps, c'est sans doute pour ça qu'il est allé acheter une deuxième télé. 

    Il a mis le poste qu'il venait d'acheter dans ma chambre. Malheureusement, c'était juste un vieux modèle, tout petit, qui était même coiffé d'une de ces vieilles antennes à deux branches. En plus, il n'y avait que 20 chaînes disponibles, et celle où je regardais Pokémon n'y était pas. Je me rappelle cependant que je m'en moquais un peu, trop content d'avoir ma propre télé. Après avoir parcouru les chaînes un moment, je me suis arrêté sur la seule qui était appropriée pour mon âge, TVO kids. J'ai fréquenté cette chaîne un bon moment. Ce n'est qu'après quelques mois que j'ai découvert la chaîne 21. C'était un jour d'avril, alors que je zappais, en essayant de voir si Pokémon passait quelque part. J'ai tapé 21 sur la télécommande en me disant qu'il y avait peut-être d'autres chaînes, et à ma surprise, il y en avait. Mon père était surpris lui aussi, mais il m'a laissé regarder, apparemment il y passait des programmes jeunesse. La chaîne s'appelait Caledon Local 21. En effet, j'ai appris plus tard que la chaîne était basée à Caledon, en Ontario, une ville assez proche de là où j'habitais.

    Les émisions que j'ai vues sur Caledon Local 21 semblaient faites avec très peu de moyens, et la moitié du temps, je ne comprenais rien à ce qui s'y passait. Les années passant, à chaque fois que je repensais à cette chaîne, je réalisais de plus en plus à quel point les émissions étaient foirées, et je me demandais: "Bordel, qu'est-ce que j'étais en train de regarder?"

    Ce qui suit est une liste d'émissions et d'épisodes que je me souviens avoir vus sur Caledon Local 21. Le fait même que je me souvienne de tous ces détails me dérange, je suppose que ce genre de trucs vous reste dans la tête pour un moment. Pour ce que j'en ai vu, il ne passait que trois émissions sur la chaîne, probablement parce qu'elle ne fonctionnait qu'entre 16h et 21h.



    Avril 1999

    Booby - Épisode 6: "Ensemble".
    Je me souviens que Booby était un show dont les personnages étaient des mains en prise de vue réelle. Ni marionnettes, ni rien d'autre, juste des mains. L'émission suivait une main nommée Booby ("Nigaud") qui se retrouvait dans une nouvelle situation à chaque épisode. Le show ne durait que 5 minutes, et semblait être tourné devant un mur humide et délabré, les mains toujours sur une table recouverte d'une nappe rouge (de toute évidence le budget était très petit). C'est le premier épisode que j'ai regardé. Ça commençait sur Booby, essayant de faire sortir le ketchup d'une bouteille. En fait, on le voyait se frapper contre le fond de la bouteille pendant trois bonnes minutes. Finalement, une autre main arrivait et regardait Booby. "Ensemble", disait l'autre main, et elle commençait elle aussi à frapper la bouteille, jusqu'à ce que le ketchup commence à asperger toute la table (je me rappelle avoir un peu gloussé à ce moment). Puis, Booby regardait le ketchup répandu sur la table pendant quelques secondes, puis se tournait vers la caméra alors qu'elle zoomait lentement sur lui.

    Mr.Bear's Cellar - Épisode 12.
    Un titre très vague pour une émission si ça devait être montré aujourd'hui. Le show présentait un type dans un costume d'ours qui recevait chaque jour un nouvel invité dans sa cave, toujours un enfant. L'émission était filmée avec un caméscope, et de toute évidence pas un très bon caméscope. La police m'a posé beaucoup de questions au sujet de cette émission. Cet épisode s'ouvrait sur Mr.Bear asis à une table, jouant seul aux dames (je ne l'ai pas vu tout de suite, mais la table était la même utilisée dans Booby). Il restait là à jouer pendant un petit moment, jusqu'à ce que des coups résonnent à la porte. La caméra se tournait alors vers la porte, alors que de nouveaux coups étaient portés. Mr.Bear montait les escaliers, et ouvrait la porte, révélant deux jeunes enfants. Le premier était un garçon de mon âge, l'autre était une fille qui devait avoir dans les huit ans.
    Mr.Bear dansait de joie, puis commençait à parler aux enfants ; je n'arrivais pas bien à entendre ce qu'ils se disaient, je me souviens. Mr.Bear conduisait ensuite les enfants dans la cave, très sombre, seulement éclairée par une petite lampe à pétrole sur la table. Je n'arrive pas vraiment à me souvenir des détails, si ce n'est qu'il chantait une chanson que je ne suis pas bien arrivé à entendre non plus (sans doute à cause de ce masque d'ours). L'épisode se terminait sur une partie de cache-cache, les enfants se cachant dans un placard pendant que Mr.Bear comptait.


    Mr.Bear
     Mai 1999

    Soup and Spoon.
    Je sais même pas si c'était vraiment une émission, on aurait plus dit un genre de film court. Tout ce que je sais, c'est que j'ai arrêté de regarder Caledon Local 21 pendant un moment, parce que je trouvais ce show totalement stupide -de plus, ils avaient reprogrammé Pokémon à 16h30 et 17h, donc je ne dérangeais plus mon père avec ça. Je ne m'en souviens pas très bien, mais on y voyait une boîte de soupe et une cuillère, attachées à des ficelles, qui se balançaient d'avant en arrière comme si quelqu'un les maintenait devant la caméra en agitant les fils. Curieusement, c'était tourné dans un sous-sol qui ressemblait exactement à celui de Mr.Bear's Cellar. Comme je l'ai dit, je ne m'en souviens pas clairement, la seule chose qui m'a marqué était la fin.
    Le tout ne durait qu'une demi-heure, et ne comprenait que des choses que je trouvais idiotes, comme quand la cuillère courait après la soupe en essayant de "la manger". À la fin, on voyait une table (toujours celle vue dans Booby) autour de laquelle étaient assis sept enfants, chacun devant un bol de soupe. Ils regardaient la caméra, mais avec des regards confus, presque effrayés. Puis, le caméraman posait la boîte de soupe devant les enfants, et disait: "Apprêteeeez... cuillères!" Puis l'émission prenait fin.



    Juillet 1999

    C'était l'été, je n'avais pas regardé la 21ème chaîne depuis un bon moment. Un soir où je dormais chez un copain, j'ai décidé d'aller de nouveau y jeter un oeil. Mon ami avait eu une télé pour son sixième anniversaire, donc on est restés levés tard (pour nous, 21h30, c'était très tard) pour regarder la télé. C'est à ce moment que je me suis souvenu de Caledon Local et que j'en ai parlé à mon copain. On a décidé de voir si la chaîne émettait, et à notre surprise, c'était le cas. Ils devaient avoir changé leurs horaires.

    Mr.Bear's Cellar - Épisode 23.
    Cet épisode nous a bien amusés mon ami et moi, principalement parce qu'il y avait des gros mots. Cependant, en y repensant aujourd'hui, je réalise que quelque chose n'allait pas au moment où c'était filmé. L'épisode commençait la caméra sur le côté de l'escalier, Mr.Bear les montait. L'image coupait pendant environ une seconde, puis on avait un fondu sur Mr.Bear, de face. Il y avait un autre enfant qui lui parlait, il devait avoir 11 ou 12 ans. 
    Il parlait pendant un moment avec Mr.Bear, mais on n'arrivait pas bien à entendre -la faute au caméscope, encore- jusqu'à ce que le garçon commence à hausser le ton. L'enfant disait qu'il était très tard et que sa soeur devait rentrer. On pouvait entendre d'autres voix en arrière-plan. Je me souviens clairement avoir entendu Mr.Bear dire: "Putain, mais fous le camp, t'es pas invité!", d'une grosse voix étouffée par le masque d'ours. Je me rappelle qu'on s'est regardés en rigolant à la mention du mot interdit, mais l'épisode a commencé à devenir encore plus bizarre. Le garçon a commencé à monter les escaliers, avant de faire demi-tour et de menacer d'appeler la police. Mr.Bear s'est mis à courir après l'enfant, qui a commencé à crier. L'image coupait, et c'était la fin de l'épisode.

    Booby - Épisode 42: "Jouons avec des ciseaux".
    C'était un après-midi pluvieux, et je m'ennuyais, j'avais donc décidé de regarder la chaîne 21. Au moment où je suis arrivé, la précédente émission, qui présentait quelqu'un assis dans un fauteuil, se finissait juste ; je ne sais plus de quoi il s'agissait précisément. La première fois que j'ai vu cet épisode, j'ai pensé que c'était plutôt pour les grands, parce qu'on y voyait du sang. J'ai su à qui appartenait le sang quand la police m'a tout expliqué. On pouvait y voir Booby, et une autre main avec un ruban autour du petit doigt (la fiancée de Booby). Booby tenait des ciseaux et sautillait d'avant en arrière, pendant que sa copine tournait en rond sans but.
    Une autre main entrait alors en scène, mais elle était plus petite, et elle tremblait violemment, comme si quelqu'un sous la table la forçait à monter (et j'ai découvert plus tard que c'était bel et bien le cas). "Les enfants, les ciseaux sont très dangereux, alors tenez-les bien!", disait Booby face à la caméra. J'ai remarqué aussi comme des cris étouffés, mais j'avais du mal à les situer à cause de la mauvaise qualité sonore.
    La fiancée de Booby a attrapé la petite main, qui se débattait, et Booby s'en est approché avec ses ciseaux. Il a commencé par le pouce. Il a largement écarté les lames et les a refermées sur la main. Du sang a commencé à couler, et les cris étaient devenus très forts. Ça a beaucoup choqué le gamin de cinq ans que j'étais à l'époque, et c'est à ce moment que je me suis dit que ce n'était pas une émission pour les gens de mon âge. Et puis, les ciseaux ont atteint l'os, et un horrible craquement a retenti. C'est là que j'ai éteint le poste. Je n'en ai jamais parlé à mon père, j'avais peur qu'il me prive de télé.



    Août 1999


    Après cet épisode, j'ai arrêté de regarder Caledon Local pendant un moment. Mais en août, j’ai eu de nouveau envie de voir Mr.Bear’s Cellar. Le précédent épisode m'avait fait penser que c’était pour les plus grands. Pourtant, je suis retourné sur la chaîne 21 un jour où mon père était occupé. 

    Mr.Bear’s Cellar - Épisode 28. 
    Apparemment, cet épisode était passé en boucle pendant tout le mois d’août. Et a été très étudié par la police. 
    C’était juste Mr. Bear, assis sur une chaise, qui parlait face caméra : 
    « Salut les enfants ! Vous voulez visiter ma cave ? Si oui, envoyez moi une lettre à  cette adresse!» 
    L’écran devenait blanc avec l'adresse écrite en lettres multicolores. Et restait ainsi pendant tout l’épisode. 
    Et vous savez ce que j’ai fait ? J’ai envoyé une lettre à Mr.Bear (ou plutôt à ce sale connard qui le jouait). C’était essentiellement par curiosité. Mon père m’avait laissé faire parce qu’il pensait que c’était un show pour enfants parfaitement normal : encore une fois, il n’avait jamais vu ce qui passait sur la chaîne 21. Si je me souviens bien, dans ma lettre, je demandais juste, en écrivant du mieux que je pouvais, si Booby vivait aussi dans la cave. Mon père a donc envoyé la lettre par la poste. La réponse a  mis une semaine à arriver, voilà pourquoi j’étais étonné de la recevoir. J’ai toujours cette lettre que j’ai reçue le 15 août 1999. 

    « Cher Eliott. Merci beaucoup de m’avoir écrit. J’adorerais que tu viennes dans ma cave ! On joue à des jeux, on regarde des films et on fait des feux de camp dans les bois. C’est très amusant ! 
    Oui, Booby vit dans ma cave, c’est un bon ami à moi. 
    Viens chez moi à [la police a tenu à ce que l'adresse reste confidentielle], 
    Caledon, Ontario - CA 
    J’ai très envie de m’amuser avec toi.
    Des bisous, Mr. Bear. » 

    Je n’ai jamais compris comment mon père avait pu trouver ça attrayant parce qu’il a finalement décidé de m’y emmener. C’est là que la police a commencé à être impliquée. Ces questions sans fin, ces photos d’enfants terrifiés, les bois… 
    Ça me pousse à expliquer pourquoi j’écris ce blog. Ce psychopathe et ses potes avaient bien foutu la merde à l’époque, et maintenant j’ai l’impression qu’ils essayent de me contacter à nouveau. Toute cette histoire me revient en pleine face. Aujourd'hui, plus de 10 ans après, tout recommence. 


     




    [Update] 21/9/2011

    Certaines personnes m’ont envoyé des mails pour savoir ce qui s’est passé exactement en 1999. J’y viendrai. Ces émissions bizarres que je regardais étaient apparemment faites pour attirer les enfants chez ce Mr.Bear, et elles avaient choqué toute la ville.

    Mon père m’a finalement emmené à Caledon à l’adresse de Mr.Bear, qui était notée à gauche de la lettre. La maison était à l’extérieur de la ville, dans un champ ouvert. Je me rappelle de cette maison. On aurait dit une vieille ferme construite au début du siècle. Les fenêtres étaient barricadées et la maison semblait avoir été laissée complètement à l’abandon. Pendant qu’on marchait vers la maison, je me souviens que mon père avait regardé l’adresse encore et encore en levant la tête vers la ferme, dubitatif. La porte s’est ouverte.

    J’attendais que ce soit Mr.Bear qui ouvre la porte mais j'ai été surpris de voir un officier de police émerger à sa place. Il a commencé à parler à mon père et j'ai demandé rapidement si c’était bien la maison de Mr.Bear. Le policier a grincé des dents en lâchant un: «mon dieu...», ou quelque chose comme ça. Il s'est remis à parler avec mon père qui m’a ordonné de remonter dans la voiture. Mon père n'a pas dit un mot de tout le voyage. Je sentais qu’il s’était passé quelque chose d’étrange.

    Mon père ne m'a rien dit de ce qui s’était passé pendant un moment. Et j’ai oublié cette histoire. En plus, CL21 ne passait plus à la télé, et quand je demandais à mon père, il m'a dit qu’il ne connaisssait pas cette chaîne.
    Je crois que j’avais 13 ans quand mon père m'a raconté la vérité. Je me suis rappelé de la chaîne 21 et j'ai remis le sujet sur la table. Je pense qu’il s’est dit que je devais connaître la vérité.
    CL21 était une chaîne locale de Caledon qui avait fonctionné d’octobre 1997 à août 1999 dans la région de l’Ontario. Toutes les émissions de la chaîne était enregistrée dans cette maison à Caledon et était supervisée par un homme que personne ne connaissait vraiment dans la ville. Elle n’était disponible que sur les vieilles télés parce que les fréquences de signal étaient très basses. Cet homme avait créé toutes les émissions de la chaîne, qui n’étaient que des émissions pour enfant. Booby était sa main, il était Mr.Bear et le mystérieux cameraman.
    La vraie raison pour laquelle il avait créé l’émission était moins évidente que ce que je pensais. Il kidnappait les enfants et les gardait dans sa cave. Alors que la plupart des gens pensaient qu’il n’était qu’un violeur d’enfants, il voulait les utiliser pour tout autre chose. Il s’était envolé la veille du jour où je suis venu, juste avant l'arrivée de la police. Je n’étais pas le seul enfant qui regardait l’émission.






    [Update] 09/11/2011

    Désolé de ne pas avoir répondu aux questions pendant si longtemps. Je ne pouvais plus accéder à mon adresse mail. Je vais vous raconter une bonne fois pour toutes ce que j’ai vécu. En octobre, j’ai visité la maison qui appartenait à l’homme qui tenait CL21. Deux femmes y vivent aujourd'hui, elles dirigent une crèche. Ironique.
    Donc, pour répondre aux questions qu’on m’a envoyées :

    Q : Qui d’autre regardait la chaîne 21 ? 
    R : Je connais certains des enfants qui regardaient cette chaîne, dont quelques-uns qui étaient dans l’émission. Après quelques recherches sur internet, j’ai trouvé des gens sur Neoseeker qui parlaient des programmes de CL21. Ils mentionnaient celles que je connaissais, et aussi deux autres que je n’avais jamais vues. Un utilisateur du nom de iamreallife semblait connaître toutes les émissions de la chaîne 21, dont les deux que je ne connaissais pas : 

    La Vie et l’Ange Déchu. (The Fallen Angel and Life)
    iamreallife le décrivait comme une émission vraiment barbante avec un type assis en face de la caméra qui expliquait à quel point nous devions servir Satan et l’apaiser avant qu’il ne soit trop tard.

    Peindre avec son âme. (Paint With the Soul)
    iamreallife et un autre utilisateur du nom de sigy92 en discutaient sur le forum. Ils le décrivaient comme une sorte de «Projet Blair Witch du pauvre» : l’émission consistait à voir un cameraman se balader dans une forêt, de nuit, caméra à l’épaule, sans qu’il ne se passe rien de particulièrement intéressant. Je vais revoir le topic pour essayer de retrouver le lien.

    Q : Où se trouve Mr.Bear (ou plutôt l’homme dans le costume) ?
    R : Si je le savais, je vous l’aurais dit. Je n’ai aucune idée d’où se trouve ce type. Avec un peu de chance, il est mort. La prochaine fois que je verrai l’ami de mon père, je lui poserai la question, peut-être que j’aurai une meilleure réponse.

    Q : Que faisait Mr.Bear avec les enfants ? 
    R : C’est la question qu’on m’a le plus posée pour le moment. J’ai découvert ça en octobre, grâce à un ami de mon père qui est policier à la retraite. Apparemment, l’homme qui jouait Mr.Bear emmenait les enfants à l’extérieur de la maison dans une forêt située à proximité. Ce qu’il y faisait, les policiers n’en sont pas vraiment sûrs, mais les corps de 16 enfants entre 4 et 13 ans ont été retrouvés, carbonisés, dans un trou de 5 mètres de diamètre au milieu de la forêt. L’ami de mon père ne voulait pas trop me dire de détails, mais je le vois jeudi prochain et j’essaierai de lui soutirer de nouvelles informations.
    C’est tout ce que j’ai. Merci de garder de l’intérêt pour mon blog. Je vais essayer de rassembler un maximum d’informations pour mon prochain post. J’ai commencé à m’y intéresser vraiment beaucoup et ça serait bien que je découvre ce qui s’est réellement passé.






    [Update] 01/02/2012

    Désolé, je n’ai rien posté depuis un moment. J’ai un peu perdu l’intérêt que j'avais pour ce blog jusqu’à ce que je trouve de nouvelles informations sur l’identité du propriétaire de la chaîne 21.

    Il y a quelques semaines, j’ai découvert une pépite. J’ai trouvé des réponses venant du père d'un enfant que j’avais l’habitude de garder. Il vit juste en face de chez nous et je gardais ses enfants quand ils étaient plus jeunes, il est actuellement sans emploi. Il vivait à côté des bois en dehors de Caledon avant et a vu ce qu'y faisait le propriétaire de la chaîne. Il s’appelle Anthony Pollo.
    Quand il vivait dans sa petite maison à côté des bois, ça lui arrivait souvent de se poser pour fumer un ou deux joints avant de retourner bosser dans la forêt (il travaillait comme artisan). Pollo m'a raconté que, parfois, il entendait des voix d’enfants venant des profondeurs de la forêt et voyait de la lumière briller au loin parmi les arbres. Il m'a dit que ça avait commencé en 1997 (à peu près au début de l’enregistrement des émissions de CL21). Apparemment, ça l’avait agacé de voir ça se reproduire et il avait décidé de mener sa petite enquête.

    Pollo m'a décrit ce qu’il a vu en arrivant là-bas. Il y avait un groupe d’enfants, entre 13 et 17, qui avaient de 5 à 12 ans et parlaient autour d’un immense foyer brûlant. Il n’y avait qu’un seul adulte. Pollo est allé parler avec cet homme (avec son apparence débraillée d’addict au crack et ses tremblements incessants) et a demandé ce qu’il faisait dans la forêt avec les enfants. L’homme a répondu qu'ils faisaient du camping, et qu’ils faisaient ça souvent. Pollo ne se doutant de rien (Caledon avait le taux de criminalité le plus bas du Canada) les a quittés en leur demandant juste d’être plus silencieux. Il s'est arrêté un moment avant de me dire qu’ils n’ont jamais baissé leur voix. Il les entendait même parfois chanter dans une langue inconnue, mais il ne voulait pas s’embêter à retourner voir l’homme puisqu’il allait déménager.
    J'ai bien dit à Pollo que l’homme était très probablement le propriétaire de la chaîne, mais il en doutait, surtout qu’il avait entendu par les autres habitants de la région que cet homme avait déménagé à Pickering.

    Je récapitule ce que nous savons maintenant.
    • L’homme emmenait régulièrement des enfants dans les bois "pour faire du camping".
    • Le foyer du feu décrit par Pollo doit être le trou où on a retrouvé les corps.
    • Les enfants qu’il a vus sont ceux qu’on a retrouvés morts.
    • L’homme a déménagé à Pickering (une petite ville à l’Est de Toronto)

    J’en ai parlé à l’ami de mon père, l’ancien flic, pour voir si ça collait avec les faits connus par la police. Je voulais aussi savoir s’il avait des informations par rapport à ce qui était enregistré sur la chaîne 21.






    [Update] 20/03/2012

    Bonne nouvelle les gens, j’ai parlé à l’ami de mon père et il m’a donné plein d’informations. Pour commencer, j'ai demandé si la police connaissait l’homme de la chaîne 21 et il m'a répondu qu’ils n’avaient jamais pu trouver de suspect. De plus, la police régionale de Peel possède quelques cassettes trouvées dans la maison et qui étaient enregistrées par la chaîne, il m’a emmené les voir. L’ami de mon père s’appelle Mitchell Wilson, un mec assez cool, il a l’air de comprendre ma soif d’information par rapport à ce qui s’est passé dans cette maison. Il trouve que ce n’est pas normal que mon père n’ait rien voulu me dire pendant si longtemps.
    Il m’a ensuite amené au poste de police de Davis Road (si vous ne connaissez pas c’est le plus grand poste de police de Caledon, et l'un des plus grands de toute la région). Les cassettes étaient dispersées dans un peu tous les postes de Peel. Le poste de Davis Road en avait 3. Je les ai toutes regardées. Malheureusement, je ne pouvais pas les emporter chez moi pour des raisons évidentes.

    Booby – Épisode 2 : Les amis sont comme des fleurs.
    C’était l'un des premiers épisodes de Booby jamais faits. L’image était encore plus pourrie que d’habitude (probablement une caméra plus ancienne), mais la scène était tournée au même endroit, je l'ai reconnu instantanément. L’épisode commençait avec Booby, se balançant d’avant en arrière, jusqu’à ce qu’une autre main entre en scène. Elle était beaucoup plus petite, comme celle d’un tout jeune enfant.
    La petite main commençait par bondir joyeusement avant de glisser vers Booby, rapprochant ses doigts comme pour l'embrasser. Après quelques secondes, Booby attrapait la petite main et la comprimait fermement. Ça continuait pendant 10 secondes avant que la caméra se déplace vers la gauche jusqu’à ce que les mains soient hors de vue. La caméra continuait son déplacement jusqu’à montrer une marguerite flétrie déposée sur le sol. La caméra zoomait doucement vers la fleur tandis qu’une voix de petite fille disait : « Les amis sont comme les fleurs, dans le jardin de la vie. » Et l’épisode se terminait.

    Paint with the soul - Épisode 10: Des ordures.
    Paint with the soul était l’un des shows dont iamreallife et sigy92 avaient parlé sur Neoseeker. J’en ai parlé à la police, ils m’ont dit qu’il y avait 12 épisodes de cette émission qui furent enregistrés entre le 5 décembre 1997 et le 8 janvier 1998.
    Exactement comme iamreallife et sigy92 le décrivaient, l’épisode s’ouvrait sur le cameraman se baladant dans la forêt. C’était le soir et le soleil se couchait. Le cameraman marchait le long d’un sentier jusqu’à arriver dans une zone où les branchages étaient couverts d'ordures.
    La caméra montrait tous les papiers, les bouteilles, les sacs et les boîtes, s'arrêtant soigneusement sur chaque déchet. Puis la caméra s’arrêtait sur une petite zone avant que l’homme se mette à parler. Je me souviens d’une petite voix toute timide, et je suis sur que je l’avais déjà entendue quelque part, dans une autre émission de CL21. J’arrivais à peine à entendre ce qu’il disait mais il parlait essentiellement du fait que les humains étaient des ordures, ou devaient se débarrasser de leurs déchets (nous). c'était totalement idiot, mais j'ai eu une impression bizarre. Je veux dire, cette forêt était celle où l’on avait retrouvé les corps, n’est ce pas ?

    Mr.Bear’s Cellar – Épisode 25.
    Quand l’officier de police a apporté cette cassette, j’ai lâché un «oh merde...» en tremblant un peu. Les flics m'ont regardé bizarrement, mais Wilson leur a expliqué ma petite expérience avec Mr.Bear et leur a signalé que j’avais gardé la lettre qu’il m’avait envoyée. Comme les épisodes d’avant, celui-là contenait un type habillé en ours.
    L’épisode commençait avec Mr.Bear qui se baladait autour d’une table avec une nappe rouge, tenant dans ses mains (pattes ?) une bouteille de jus d’orange. Sur la table, il y avait 8 verres à shot et une petite bouteille qui contenait un liquide inconnu. Mr.Bear versait une portion égale de jus d’orange dans chaque verre avant d’ouvrir la petite bouteille et d'en déposer une goutte dans chacun. Mr.Bear sortait du champ de la caméra, puis on entendait comme des chuchotements, et il réapparaissait de derrière le cadre. 

    16 enfants le suivaient. Certains avaient 4 ans, d’autres semblaient être presque des ados. L'officier m'a alors dit que c'était le seul extrait montrant en un seul plan la totalité des 16 victimes.

    Les enfants avaient l’air en bonne santé, sauf un qui avait des marques visibles sur le visage. Contrairement aux autres, il avait l’air effrayé. Il avait 11 ou 12 ans. Je le reconnaissais : c’était celui qui réclamait sa sœur et se faisait poursuivre à la fin de l’épisode 23, que j’avais regardé en juillet 1999. 

    Quand je l'ai dit aux employés, ils m'ont confirmé que c’était le même enfant, et qu'il apparaissait aussi dans l’épisode 24 (un épisode qui n'avait été diffusé qu'une fois, à 3h00 du matin, en juillet 1999, et que la police n'avait pas encore en sa possession). Mr.Bear commençait à chanter une chanson sur les fruits et à quel point la vitamine C était bonne pour la santé. Comme toujours, je ne pouvais pas très bien entendre les paroles vu qu’elles étaient étouffées par le masque d’ours. Les enfants buvaient tous leur jus et l’épisode s’arrêtait là. 

    Je n'ai été satisfait que temporairement par mon visionnage des cassettes saisies par la police. Je voulais toujours connaître l’histoire entière, et certains flics continuaient de me raconter des bêtises, disant que le propriétaire de la chaîne n'était qu'un pédophile, fétichiste et sataniste. Je vais y aller maintenant. Je dois m’intéresser à mes études, je récupérerai d’autres informations plus tard. Je reviendrai sur ce blog dès que possible.






    [Update] 12/05/2012

    J’ai enfin eu ma licence G2 (au Canada, ça vous permet de conduire seul, et avec des passagers au bout de 6 mois). J’en ai évidemment profité pour me faire une petite virée à Caledon. Vu que ça fait longtemps que je n'ai rien mis sur ce blog, je me suis dit que je pourrais visiter cette maison qui servait de base à cette horrible chaîne de télé. La maison semblait différente de ce que j’avais vu en octobre. Ça n’était plus une crèche, elle était juste abandonnée. Cependant, il y avait tout de même un panneau « À Vendre » montrant que quelqu’un en était toujours propriétaire et voulait s’en débarrasser.

    La maison abandonnée a fait remonter des souvenirs flous dans mon esprit ; essentiellement du jour où mon père m’avait emmené chez Mr.Bear. Un sentiment d’effroi m'a secoué alors que je me demandais ce qui était arrivé à tous les enfants. J'ai monté les marches vers la porte principale et j'ai jeté un coup d’œil à travers la fenêtre. C'était un couloir presque vide, avec quelques boîtes entassées au bout.

    Au bout du couloir, à droite, il y avait une porte ouverte, probablement celle de la cuisine. À gauche se trouvaient deux portes qui devaient mener aux pièces que l’on pouvait voir depuis les fenêtres à l'extérieur. Je me suis demandé où se trouvait la porte qui menait à la cave et si elle avait été scellée. J'ai marché vers l’arrière de la maison pour trouver ma réponse. Deux portes en bois presque sur le sol, cadenassées. Ça devait mener à la cave. Je ne voulais pas traîner ici (vous pouvez pas imaginer ce que j’avais à l’esprit à ce moment). Je suis parti.

    De derrière la maison, on pouvait voir une forêt dense apparaître tout au bout du champ. Je me suis demandé si c’était la forêt où les corps avaient été retrouvés. Finalement, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai commencé à marcher vers la forêt. Elle était étrangement silencieuse, à part les quelques coups de bec d’un pic dans un arbre au loin. J'ai marché avec précaution plus profondément dans les bois, sans penser au fait que je n’avais aucune idée d’où j’allais. Je ne sais pas comment l’expliquer mais j’avais vraiment l’impression que je devais trouver quelque chose. Je suis finalement arrivé dans une partie moins dense de la forêt remplie de petites habitations. La maison de Pollo m'est revenue à l’esprit et je me suis demandé laquelle était la sienne. J'ai longé une petite clairière. Au centre, j'ai aperçu quelques bûches disposées autour d'une zone noircie, montrant qu'on avait fait un feu ici il y a peu de temps.

    «EH! BARRE-TOI DE NOTRE FORT!» 
    Ces mots m'ont presque fait faire une crise cardiaque. Je me suis tourné vers la gauche. C'était deux personnes, habillées en noir, qui couraient vers moi. Je voulais m’enfuir au départ, mais alors qu'ils se rapprochaient, j'ai vu que c'était juste des préados, 13, 14 ans, peut-être même 12. Alors qu'ils se rapprochaient, ils ont fini par se rendre compte de ma taille (je fais un bon mètre 85 et eux ne dépassaient pas le mètre 75). 
    «On t'a dit de foutre le camp d’ici», répétait le plus gros qui portait un t-shirt Slipknot, complètement essoufflé. J'ai gardé mes positions en tremblant : le plus petit, qui portait un t-shirt Metallica, avait un couteau papillon et le pointait dans ma direction. 
    «Non, tu n'oseras pas», dis-je d’une voix sérieuse et profonde en essayant d'être le plus impressionnant possible. J'ai sorti mon téléphone.

    Les deux enfants se sont retirés, celui avec le t-shirt Metallica a rangé son couteau. 
    «Écoute, mec, on aime pas qu’il y ait des gens dans notre Fort, alors est ce que tu peux juste… t’en aller ?» Il avait l'air intimidé. Je n’avais rien à faire dans cette forêt de toutes façons, alors j'ai juste répondu «Ok» et je me suis retourné. Puis, je me suis rendu compte que j’avais une grande opportunité d’avoir des informations. 
    «Dites, est-ce que l'un de vous a des informations sur le type qui a massacré des enfants dans ces bois il y a, à peu près... 13 ans ?» 
    Ils se sont regardés entre eux, confus, jusqu’à ce qu'un des deux me réponde: «Ouais… TOUT LE MONDE connaît ce type.» 
    Le garçon au t-shirt Slipknot a repris: «Il vit toujours par ici, dans l'égout pluvial... Mon grand frère m’a dit qu’il l’a vu dans son costume d’ours se balader dans la forêt, la nuit».

    Mon instinct me disait que c’était un mensonge. Le propriétaire de la chaîne 21 était sûrement parti depuis longtemps, existant uniquement dans le folklore de cette petite communauté isolée. Mais ça a quand même éveillé mon intérêt . 
    «Et, il est où cet égout?», ai-je demandé juste par curiosité (je ne croyais pas vraiment l’histoire de ces enfants). Le garçon en Metallica m'a fixé pendant un moment, l’air embêté et curieux en même temps. 
    «T’es pas d’ici, c'est ça? Pourquoi t'es venu ici?» 
    Bon, je dois admettre que j’ai été un peu déstabilisé par la question, je me suis dit que je devais carrément expliquer la raison de ma présence. J'ai parlé aux deux pré-ados de mon expérience avec l’homme de la chaîne 21, et je leur ai dit que j’étais venu ici pour chercher une conclusion à tout ça (même si je n’en étais pas vraiment sûr).

    Les enfants avaient l’air de bien connaître la chaîne 21, car ils ont souri en se regardant entre eux lorsque je l’ai mentionnée. Ils sont devenus plus compréhensifs et m'ont donné la route pour me rendre à l'égout. Peu de temps après, j'ai décidé de faire demi-tour, laissant ces gamins à leur fort avant de retourner directement à la maison. Mais maintenant vous vous demandez sûrement pourquoi j’ai donné tant de détails sur ce que les enfants m’ont dit, c’est pour vous dire ce que j’ai gardé de cette journée.

    Voilà ce que les enfants m’ont dit :
    • L'égout se trouve derrière le fort des enfants, dans la même direction que celle dans laquelle je me dirigeais.
    • Il s'évacue dans une petite rivière, là où l’eau est drainée, à côté d’une aire de jeu (les ados m’ont dit que peu de gens l’utilisaient)
    • L’homme qui vivait, soit-disant, dans le gros tuyau d’où l’eau sortait, les gens l’avaient vu avec juste le masque d’ours, ou bien le masque et tout le costume (Note : je ne crois pas que ce soit vrai, je pense que c’est un simple mythe créé par les résidents de Caledon. L’histoire n’est pas plausible du tout. Pourquoi personne n’aurait appelé la Police? Cet homme n’est-il pas suspect? Et pleins d’autres questions de ce type rendent l’histoire invalide)
    • Il se pourrait que j’aille visiter cet égout. Non pas parce que je crois à l’histoire mais parce que je veux une excuse pour retourner à Caledon, comme ça ce blog ne sera pas laissé à l’abandon (sans les cassettes à regarder, je ne sais pas de quoi parler!).
    Merci de continuer à nous soutenir, moi et mon blog. Je sais que certains d’entre vous se demandent ce qui s’est passé en 1999, je ferai de mon mieux pour trouver des réponses.






    [Update] 4/10/2012

    Wow, ça fait presque 5 mois depuis mon dernier update. J’imagine que tout le monde pensait que j’étais mort, hein? Heureusement non. Plus sérieusement, j’ai vraiment été pris ces deux derniers mois, et vous expliquer comment j'ai failli mourir quand j’étais enfant n’était pas dans mes priorités. Aujourd’hui je vis à Waterloo en Ontario, et je travaille pour obtenir mon diplôme d’informatique (oui, je suis un gros travailleur). Comme vous pouvez vous en douter , l’informatique, c'est assez chronophage. Donc, forcément, j’ai presque oublié ce blog, mais aujourd’hui je suis de retour.

    Je me suis souvenu de visiter le conduit dont les enfants de Caledon m’avaient parlé. Il était dans une clairière, entre deux zones boisées, près d’un marais. Malheureusement, je n'ai absolument rien trouvé ; juste une tortue qui s’est rétractée dans sa carapace quand je me suis avancé. J’ai pris quelques photos du conduit que je posterai. Maintenant je veux juste vous dire que ce n’était PAS l'égout pluvial qu’on m’avait décrit. Ce que j’ai vu était un simple tuyau qui permettait à l’eau d’aller vers le marais. Quand je suis revenu de Caledon en revanche, j’ai juste oublié d’en reparler, ça ne me paraissait plus si important (j'en suis désolé). Enfin, ça ne l’était pas jusqu’à récemment, car je suis de nouveau intéressé. En septembre, j’ai reçu un mail de cette adresse:returntheb@hotmail.com

    Marrant, non? Partez pas, j'ai mieux. Je vais vous copier/coller le contenu du mail exactement tel que je l'ai reçu.

    Cher Elliot,
    Mon garçon, mon cher garçon,
    Tu m’as tellement manqué! Oh, comme tu as grandi! Tes yeux pétillants sont restés les même néanmoins. Ces yeux qui cherchent de l’aventure, oh, je les imagine et ça réchauffe mon vieux cœur d’ours. Le jour où tu es venu me rendre visite, j’étais tellement heureux que je voulais aller chercher des fraises. Ils m’avaient dit que tu allais venir me chercher.
    Bientôt, bientôt, tu ne seras plus seul! Je suis tellement triste de pas avoir pu te dire bonjour quand tu es venu me voir - pas seulement une fois, mais deux! Mais ne t’inquiète pas, tu pourras bientôt jouer avec les autres enfants, j’ai rendu ma cave encore plus confortable qu’avant!!!
    100 câlins moelleux
    Mr.Bear
     

    Bon, il est évident que cette lettre est un faux, mais je voudrais tout de même remercier celui qui me l’a envoyée parce qu’elle m’a bien foutu les jetons, et m’a poussé à recommencer à poster sur ce blog. Je trouve que ça reste distrayant de creuser dans les mystères de mon enfance. Mon coloc connaît toute l’histoire maintenant, il a cru que la lettre était vraie, il a même eu l’air plus effrayé que moi pendant un moment, mais je l’ai ramené à la raison. Je veux dire, quelles sont les chances que ce «Mr.Bear» sache que je suis allé à Caledon ces derniers temps? Qu’il connaisse mon mail ou encore qu’il sache que je suis toujours intéressé par sa cave? Ha. 

    Je vais répondre à «returntheb». Rien qu’en regardant l’adresse on peut voir que quelqu’un cherchait vraiment à me faire flipper. Ça n’a pas vraiment marché ; cependant, qui que vous soyez, merci d’avoir piqué mon intérêt envers cette énigme. Peut-être que je pourrai trouver ce qui est arrivé à Mr.Bear, essentiellement parce que même si je ne crois pas à ce mail, il me rend tout de même anxieux. Merci à tous ceux qui continuent de me suivre, et sont devenus de vrais fans, c’est en partie grâce à vous que je me pousse à continuer! 






    [Update] 09/11/2013

    Je n’arrive pas à croire que ce blog n’ait pas encore été supprimé. Je n’ai rien posté depuis si longtemps. J’ai mes raisons dont je préfère ne pas parler, mais cette année fut assez traumatisante pour moi. Certains avaient raison, je n’aurais pas dû creuser dans ces mystères de mon enfance, mais je ne pouvais pas résister. Il s’est passé un an depuis mon dernier post et beaucoup de choses sont arrivées. Récapitulons où j’en suis par rapport à Mr.Bear.

    • returntheb@hotmail.com n’est plus utilisé. J’ai essayé d’envoyer un mail mais je n’ai pas eu de réponse ; j’ai réessayé en mars, toujours rien. 
    • J’ai déménagé à Ottawa, et je ne suis pas retourné à Peel ni à Caledon depuis un moment. J’avais mes raisons de partir, comme vous pouvez l’imaginer. 
    • J’ai dû me faire une nouvelle adresse parce que certaines personnes ont littéralement inondé ma boîte de messages où ils prétendaient être Mr.Bear. Merci beaucoup les gens (ou pas).
    • Pourquoi ai-je recommencé à poster ? Eh bien, Mitchell Wilson (vous vous souvenez, l’ancien flic ami de mon père) m’a appelé le 23 octobre pour me parler d’une cassette trouvée dans une aile de la bibliothèque publique de Brampton (ma ville natale, pour ceux qui ne le savent pas encore). Il m’a dit qu’il n’était pas autorisé à me parler du contenu de la cassette par téléphone étant donné qu’elle était considérée comme une «preuve», mais il m’a demandé de venir la voir quand j’aurais le temps. Cette cassette a relancé mon intérêt pour la chose, car vous connaissez bien les dernières que j’ai vues. Je ne pouvais qu’imaginer ce qu’il y avait dessus. J’imagine que ça a quelque chose à voir avec CL21. 

    J’imagine que je voulais juste dire que je voulais continuer ce blog et remercier tout ceux qui continuent à le lire. Je ne sais pas quand je posterai à nouveau, mais quand je verrai cette cassette, j’écrirai ce que j’ai trouvé. Je ne sais pas à quoi m’attendre mais l’idée de voir une nouvelle cassette m’intéresse beaucoup.


     


     


    [Update] 16/01/2014 

    Ce fut une longue année pour moi. L’université m’a fait passer pas mal de nuits blanches, surtout depuis que je suis à Ottawa qui est l'endroit PARFAIT pour faire la fête (ironie). Mais maintenant, je suis de retour chez moi avec mon père à Brampton où j’ai grandi. Je suis rentré le 18 Décembre et j’ai visité des amis et de la famille, ou, du moins, c’est que j’aurais voulu faire. Le sentiment de joie que j’ai normalement à cette période de l’année était absent. 
    Pour répondre à la centaine de mails et de commentaires, oui, j’ai vu les cassettes que l’ami de mon père (Mitchell Wilson) a promis de me montrer. Mais ces cassettes sont une malédiction. Je voulais en savoir plus mais je voudrais tout oublier. Je ne pouvais pas m’en empêcher, je DEVAIS voir ces cassettes. Pas seulement pour moi, mais aussi pour vous qui êtes aussi intrigués que moi par cet innommable homme en costume d’ours. Cependant, après avoir regardé ces cassettes, je ressens ce profond sentiment de malaise, ce sentiment de savoir que tous les enfants qui sont dans les vidéos sont morts. Que j’aurais pu en faire partie et que l’humanité est quelque chose d'horriblement sombre. Si vous n’avez pas sauté ce paragraphe pour les éléments plus «intéressants», merci d’avoir écouté mes divagations.

    Le 1er janvier, j'ai appelé Mitchell Wilson pour lui demander quand je pourrais passer voir les cassettes. L'activité était plutôt ralentie au poste à ce moment-là à cause d'une tempête de neige, il m'a donc dit que je pouvais venir quand je voulais. Le département qui gardait les cassettes n'était pas trop loin de chez moi, j'ai donc décidé d'affronter les routes enneigées et de rejoindre le centre-ville de Bramalea, où se trouvait le poste de police.

    J'ai retrouvé Wilson à l'accueil, puis il m'a emmené au 2ème étage jusqu'à un petit bureau. Il m'a demandé de m'asseoir et d'attendre le temps qu'il revienne avec les cassettes. Avant de quitter la pièce, il s'est retourné et m'a dit: "Je comprends que tu sois curieux de voir ça, mais... tu es sûr que tu veux le faire?"
    Évidemment que j'étais sûr, enfin, je le croyais alors. On avait mis beaucoup de conditions pour me laisser entrer ici, je ne voulais pas gâcher cette occasion. Ce commissariat possédait 4 cassettes, mais je n'ai été autorisé à en voir que 3, la dernière étant apparemment trop endommagée pour être lue sur magnétoscope.




    Paint with the soul - Épisode 3: Comment faire le ménage.
    J'avais presque oublié ce programme, je ne l'avais jamais vu du temps où il passait à la télé mais j'avais eu l'occasion de voir un épisode sur cassette au commissariat. Au début, la caméra faisait un panoramique autour d'une chambre étroite et vide. Une fenêtre se trouvait sur le mur à l'opposé de la porte, il faisait noir dehors. Le caméraman s'approchait de la fenêtre, révélant une petite zone éclairée précédant une forêt dense, épaisse, environ à cinq mètres de la vitre. Le caméraman se retournait pour faire face à la porte, et finalement, commençait à parler.
    "Aujourd'hui, j-je vais v-vous montrer... c-comment... bien entretenir une pièce."
    J'ai reconnu la voix du caméraman. La même que précédemment: faible, timide, la seule différence était ce bégaiement.

    C'est là que ça devenait bizarre. Le caméraman tournait l'objectif vers ses pieds, révélant une forte tige de métal, qu'il attrapait de sa main libre. La main était celle d'un homme blanc de peau, de sorte qu'on pouvait facilement voir le sang frais dont elle était couverte. L'homme expliquait ensuite que pour que la chambre reste propre et accueillante, il était nécessaire de faire des sacrifices. Sur ces mots, il se mettait à fracasser le plafond de plâtre blanc avec la matraque. Un trou bien visible apparaissait bientôt sur le plafond, révélant les lattes de bois dont le toit était fait. Le sol était maintenant couvert de morceaux de plafond et de poussière de plâtre. L'homme tournait alors la caméra vers le sol, se filmant en train d'écraser les plus gros morceaux avec ses pieds. Puis, il retournait à la porte et laissait voir le désordre qu'il venait de créer. 
    "Et... et maintenant, la ch-chambre... est..."
    L'épisode se terminait avant qu'il puisse conclure.


    Wilson m'a prévenu que les deux cassettes suivantes étaient bien plus dérangeantes. J'ai insisté pour continuer, même si une petite voix en moi me disait qu'il ne valait mieux pas.


     

    Booby - Épisode 30: Children of the light.
    Booby, une des émissions que j'avais regardées étant gosse. Je n'avais jamais vu cet épisode jusqu'ici, et je voudrais bien ne jamais l'avoir vu. L'épisode commençait de la même manière que tous ceux que j'avais eu l'occasion de voir. Une main d'adulte (Booby) se balançait de droite à gauche. Après quelques secondes, Booby se tournait vers la caméra, et disait: "Les chansons sont le mieux chantées quand elles sont chantées par des enfants!" Puis, la main disparaissait sous la table.

    Après quelques secondes, l'image coupait et l'épisode reprenait en extérieur. La caméra visait un feu dans une petite cuvette de terre. C'était la nuit, apparemment dans une petite clairière dans la forêt, même si c'était difficile à dire à cause de la qualité de l'image. Puis la caméra zoomait sur le feu, qui brûlait d'une façon presque régulière. Soudain, une main était entraînée dans le feu par les mains d'un adulte. C'était une petite main, sans doute celle d'un enfant, et quelqu'un la tenait très fermement dans les flammes. Le son était absent les premières secondes, jusqu'à ce qu'une chanson se joue. Je connaissais cette chanson depuis mon enfance. Celle que je chantais à l'église ou dans mon école catholique. Si vous ne la connaissez pas, :  Children of the light

    Cette chanson se jouait alors que la main de l'enfant était toujours maintenue parmi les flammes. Elle continuait de se jouer tandis qu'il tentait de se dégager de l'étreinte, elle continuait alors que la peau sur la main virait au rouge betterave et commençait à peler, elle continuait alors qu'une fumée noire commençait à s'en échapper. Ça n'a dû prendre que quelques minutes avant que le membre soit entièrement noirci, exception faite des quelques parcelles d'os blanc visibles sous la chair carbonisée. Putain... cette image est toujours gravée dans mon esprit. La main était faible maintenant, elle ne bougeait plus. C'est sur cette image que l'épisode se terminait.


     

    Mr.Bear's Cellar - Épisode 30.
    Mr.Bear ne cessera jamais de me mettre mal à l'aise, surtout en pensant à ce qui a failli m'arriver quand j'étais gosse. L'épisode prenait place dehors, dans une forêt, au crépuscule, rendant difficile de distinguer quoi que ce soit, surtout si on y ajoute la faible qualité du film (la marque de fabrique de la chaîne 21, en quelque sorte). La caméra était tenue dans les "pattes" de Mr.Bear, qui se filmait lui-même. 
    Ce masque d'ours... Il semblait tellement plus sinistre dans la pénombre. Il a alors pris la parole, la voix toujours étouffée par le masque : "Bonjour les enfants! Aujourd'hui, je vais faire une chose merveilleuse pour mes amis ; je vais les envoyer loin, très loin, dans un endroit où il seront sûrement très heureux!"
    Mr.Bear tournait alors la caméra pour montrer un tout-terrain suivi d'une remorque  ; mais ce qu'on remarquait le plus, c'était ces sept enfants immobiles, assis côte à côte dans la remorque.
    "C... C'est le premier chargement, mais d'autres arriveront bientôt!"
    Mr.Bear se retournait et pointait l'objectif vers une grande bâche étendue sur le sol.

    Il retirait alors la bâche, révélant une énorme fosse, qui devait faire dans les 4 mètres de profondeur et peut-être 5 de large. Pendant tout le reste de l'épisode, on voyait seulement Mr.Bear transporter chaque enfant avant de le jeter dans le trou. J'ai demandé à Wilson s'ils étaient morts, en voyant certains d'entre eux bouger leur tête ; "Pas encore." Bientôt, tous les enfants étaient dans la fosse, certains étaient dans des positions inconfortables après avoir été jetés, mais ils étaient toujours inconscients. 
    "La vitamine C aidera sûrement ces enfants pendant le grand voyage qui les attend!"
    Mr.Bear faisait un panoramique sur de nombreux bidons d'essence près d'un buisson tout en prononçant ces mots. La caméra zoomait sur les bidons tandis que Mr.Bear se mettait à fredonner, et c'était la fin de l'épisode.



    Wilson m'a révélé que les enfants qu'on venait de voir étaient 7 des 16 victimes dont on avait retrouvé les corps. L'essence était celle utilisée par l'homme qui jouait Mr.Bear pour y mettre le feu. Une fosse pleine d'enfants en train de cramer... quel genre de taré ferait ça?! J'ai de nouveau été pris de ce sentiment d'effroi quand j'ai réalisé que j'aurais pu être l'un de ces enfants.

    Wilson m'a ensuite expliqué qu'il m'avait menti en disant que la 4ème cassette ne fonctionnait pas. Elle marchait encore, et montrait l'incinération. Cependant, il a pensé que je ne serais pas capable de supporter la nature "crue et dérangeante" de cet épisode. Et vous savez quoi? Je crois qu'il a raison. Je n'ai même pas envie de voir cette cassette. J'ai mon compte pour l'instant, j'ai juste besoin de me remettre les idées en place. Le truc, c'est que le type qui tenait CL21 est toujours là, quelque part.




    Du nouveau sous peu.

    -Eliott 





    INRI
    Il était une fois...
    Un petit garçon qui s'appelait Eliott
    Eliot était un garçon très malin qui adorait jouer avec ses amis
    Un jour, il regarda une charmante émission de télé parlant d'un ours et de ses jeunes amis
    Les enfants aimaient s'entraider comme tous les bons enfants, mais ils aimaient aussi l'ours
    L'ours adorait les enfants, car ils étaient si bons pour l'aider, lui et l'ange déchu
    Les enfants et l'ours auraient voulu jouer pour toujours, aidés de leur ami Booby
    Mais l'ange déchu avait besoin de toujours plus d'aide, alors les enfants durent faire le dernier sacrifice
    Car c'est ça, les vrais amis, Eliott
    Ils s'aident les uns les autres
    Aide-nous Eliott, brûle avec nous Eliott
    J'ai besoin de toi Eliott, il a besoin de toi Eliott,
    Reviens à ma cave
    S'il te plaît, reviens voir ton petit nounours adoré !

    Mr.B.
    INRI
      





    [Update] - 14/04/15

    Je voulais vous tenir au courant, je le voulais vraiment. Cependant, les circonstances m'ont amené à me détourner de toute cette sale affaire. Depuis le temps, j'ai reçu des centaines de mails au sujet de mon blog et j'ai même été contacté par un magazine qui voulait connaître mon histoire. Mais le temps est venu d'arrêter de faire la sourde oreille. Où j'étais passé depuis maintenant plus d'un an ? L'histoire de Pandore est vraie, et j'ai ouvert la boîte. Je l'ai ouverte en juin dernier, quand j'ai regardé la 4ème cassette gardée au commissariat de Bramalea. Un autre sujet que j'aurais aimé aborder est le nombre de blagues et de faux mails que j'ai reçus de personnes disant être Mr.Bear. Mais pour commencer, parlons de la 4ème cassette ; celle qui m'a traumatisé au point de me faire abandonner mes recherches pendant tout ce temps.

    Après quelques semaines à feindre le silence, j'avais décidé de demander à Mitchell Wilson si je pouvais visionner cette fameuse 4ème cassette dont il m'avait parlé. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être que je me disais juste que voir ça me servirait de conclusion. Évidemment, Wilson était réticent à l'idée de me montrer ça, mais j'ai insisté. Il m'a fait une offre : si j'étais toujours intéressé au moment de mon 20ème anniversaire, il me la montrerait. Incapable de faire mieux, je me suis contenté d'attendre. Le moment venu, en juin, eh bien, j'étais toujours intéressé.
    J'ai appelé Wilson. Il m'a avoué qu'il aurait préféré que j'aie oublié entre temps, mais je n'étais pas prêt à admettre qu'il me refuse encore l'accès. "Tu n'as aucun besoin de voir ce truc", il n'arrêtait pas de me répéter ça. Mais il se trouve que j'en avais besoin, j'en avais vraiment besoin à ce moment. En fin de compte, il a accepté de me recevoir au poste de Bramalea, un lundi après-midi. En ayant vu tous les Saw, et des vidéos d'abattoir en cours d'éthique, j'étais certain de pouvoir supporter ce que la cassette allait m'envoyer à la face. J'étais bien optimiste...


    Mr.Bear’s Cellar - Épisode 31.
    Quand Wilson est allé chercher la cassette dans la salle où ils gardent les preuves, l'officier en charge des pièces à conviction a secoué la tête, son regard me disant : "Bon sang, mais qu'est-ce que tu fais ?" Wilson m'a expliqué que cette cassette contenait le dernier épisode connu de Mr.Bear's Cellar. J'ai supposé, à raison, que j'allais assister au triste sort des enfants, et j'ai commencé à ressentir un sentiment d'effroi.

    L'épisode commençait dans une forêt, la même que dans les autres épisodes. J'ai mis un moment avant de le réaliser à cause du noir, les arbres et les feuilles ressemblaient à de simples formes qui dansaient dans l'obscurité. Une faible lueur était présente sur le côté droit de l'écran. Apparemment, il n'y avait aucun son : les mouvements des arbres indiquaient qu'il y avait un vent fort, mais on ne les entendait pas grincer. Lentement, la caméra a commencé à se tourner vers la lueur, révélant une colonne de fumée qui s'élevait d'un trou, les pointes des flammes perçant sur le dessus. Wilson a appuyé sur pause.
    "Tu es vraiment sûr de vouloir voir ça ?"
    J'ai insisté pour voir la suite, même si une partie de moi s'y opposait.

    La vidéo se poursuivait, et le caméraman se rapprochait du trou. C'était le trou du précédent épisode. Sauf que cette fois, il était rempli de formes indistinctes. Il y en avait qui bougeaient, flottant et s'agitant dans les flammes. D'autres étaient immobiles. Je savais très bien ce qu'étaient ces formes. La caméra commençait à s'ajuster à la nouvelle luminosité... 
    De la chair en combustion, du noir, du rouge, un horrible mélange de couleurs et de mouvements presque irréels. J'aimerais pouvoir oublier ce que j'ai vu, mais on ne peut pas oublier une scène pareille. C'était pas un film d'horreur, c'était la réalité. Des êtres humains comme vous et moi, tués d'une manière atroce, un destin que j'aurais pu connaître.

    Après un cut soudain, la vidéo reprenait. C'était l'aube. La caméra était positionnée assez loin du trou. Le feu était éteint, cependant il y avait encore un peu de fumée qui s'échappait du trou. Une forme se tenait un peu devant. Je l'ai reconnue tout de suite : c'était le costume de Mr.Bear, étendu par terre. Vide, il en était d'autant plus troublant. Le costume avait les bras étendus à angle droit du corps, et les jambes bien droites, comme une croix. Le caméraman faisait un tour autour du costume, comme s'il filmait un artefact sacré. Il y avait un petit écriteau posé sur sa tête. Imprimé en lettres rouges : INRI. Le caméraman faisait ensuite un plan d'ensemble sur le costume, avant de zoomer sur le masque d'ours. Et l'épisode se terminait enfin.


    J'étais sans voix, c'était comme un rêve. On peut trouver beaucoup de choses horribles sur internet, mais je n'avais jamais rien vu de tel. Wilson m'a demandé si tout allait bien, et j'ai répondu par un "oui" tremblant. Je l'ai assuré une fois de plus que j'allais bien au moment de partir, en ajoutant que la vidéo m'avait apporté une conclusion satisfaisante à mes recherches. Il n'a pas vraiment semblé me croire, mais il m'a laissé partir là-dessus. Il avait eu raison de me prévenir : après ça, j'ai eu des cauchemars pendant des semaines. J'ai fini par abandonner, je ne me suis plus intéressé à l'affaire. Un dingue avait brûlé tout un groupe d'enfants après les avoir attirés avec une fausse émission. J'aurais pu être l'un d'entre eux, mais je suis toujours là. Je suppose que je devrais bénir ma bonne étoile... mais je me sens coupable. Est-ce que si je suis toujours là, c'est uniquement par chance ? 10 mois après, je suis de retour, mais maintenant j'aimerais dire autre chose.

    Ma boîte mail a été inondée de messages, certains me demandent plus de détails, d'autres si je peux mettre en ligne le contenu des cassettes, et d'autres prétendument envoyés par Mr.Bear. Premièrement, je ne peux pas uploader les cassettes, car A) ce sont des pièces à conviction, conservées par la police et B) je n'ai aucune idée de comment convertir une VHS au format électronique. Maintenant, pour tous ceux qui se prennent pour Mr.Bear : vous ne trompez personne, quand on a des dizaines de gars qui prétendent être la même personne, ça ne marche pas. J'ai même vu une fausse chaîne Caledon Local 21 sur Youtube. C'est bien mignon, mais toujours assez loin de la réalité. Encore plus énervant, quelqu'un a hacké mon compte juste pour poster une espèce de poème débile sur ce blog. Je l'ai laissé, histoire que tout le monde puisse bien voir. J'ai contacté le support, et on m'a dit que le poème avait été publié le jour d'Halloween (flippant !), et était attaché à l'adresse paintwithb@aol.com dont je suppose que c'est encore une blague.

    J'ai vu l'épisode 31 maintenant. Le souvenir de ce que j'ai vu risque de me rester un bon moment, mais j'ai envie de faire une dernière descente. Je vais recontacter Mitchell Wilson, et avec un peu de chance, j'aurai l'occasion de visionner les autres cassettes dispersées dans les différents postes de police de Peel. J'essaierai de vous tenir au courant dès que possible (je ne pense pas que ça prenne un an une fois de plus). Merci à tous ceux qui continuent de me lire.

    -Elliot

     
     

     


    [Update] - 21/06/15 

    Hey, me revoilà, et encore une fois, désolé de ne pas donner de nouvelles plus souvent. J'ai eu la chance d'obtenir un job d'été qui paye plutôt bien, mais du coup occupe pas mal de mon temps. Mais j'ai tout de même trouvé un moment pour persuader Mitchell Wilson de me laisser voir plus de cassettes. Il s'est arrangé pour me faire entrer au poste de Hurontario Street où j'ai pu voir quelques nouvelles pièces à conviction saisies à la ferme de Caledon. Wilson ne m'a jamais dit clairement combien de cassettes ils détenaient là-bas, mais dans tous les cas je n'ai pu en voir qu'une seule. Elle contenait deux épisodes.


    Paint with the soul - Épisode 2: À la cueillette aux fruits sauvages.
    Paint with the soul n'a jamais été très évocateur pour moi, n'ayant jamais vu l'émission à l'époque où elle était diffusée, et les épisodes que j'avais déjà vus n'aidaient pas vraiment à me faire une idée. L'épisode commençait avec la qualité d'image habituelle, dans une allée. Le caméraman avançait dans la ruelle, les ruines d'un immeuble d'un côté, une vieille barrière en métal de l'autre. "Sa... salut les artistes, aujourd'hui je vais vous montrer comment trouver de délicieuses baies sauvages !" J'ai reconnu cette voix, la même que dans les autres épisodes. Comme dans l'épisode 3, elle était légèrement tremblante, et j'y sentais une certaine anxiété. L'homme se dirigeait vers un vieux matelas posé contre un mur. "C'est ici que... que les écureuils cachent des choses." Il a alors tendu une main tremblante, couverte de ce qui m'a semblé être du sang. Avec la mauvaise qualité de l'image, le liquide semblait brillant. Affreusement brillant. Il attrapait le matelas et le laissait tomber sur le sol, révélant derrière lui un grand bac en plastique.

    La caméra zoomait alors sur le bac, révélant qu'il était rempli de petites baies rouges. "Et v... voilà les baies !" Puis l'homme plaçait la caméra sur le sol, de telle manière qu'elle soit au niveau des baies, en prenait une poignée, et, je suppose, les mangeait. "Mmmh, elles sont bonnes !" 
    L'homme était alors soudainement interrompu par un cri au loin, le forçant à reprendre en hâte la caméra et à partir en courant. L'épisode se terminait peu de temps après.


    Booby - Épisode 39: Piñata Party.
    On m'a averti que cet épisode contenait des images dérangeantes. Après avoir vu le dernier épisode de Mr.Bear, je croyais bêtement que plus rien ne pourrait me toucher. Je n'avais pas vu d'épisodes de Booby depuis un moment, aussi, j'étais curieux de voir ce que pouvait contenir celui-là. J'aurais aimé ne pas l'être. Pourtant, l'épisode commençait presque normalement. Booby et son compagnon (qui n'avait pas de nom) parlaient d'une fête qu'ils préparaient pour leurs amis. Booby suggérait de prendre une piñata pour animer la soirée, son ami approuvait, puis la main qui jouait son rôle se mettait à faire des mouvements bizarres avec ses doigts.

    L'image coupait soudainement sur une pièce faiblement éclairée, qui ressemblait à un genre de garde-manger vidé de tous ses meubles. Ce qui m'a frappé sur le moment, c'est qu'il y avait un homme attaché à une chaise au milieu de la pièce, apparemment sans vie, la tête affalée d'un côté. Puis, un autre homme entrait dans le champ depuis derrière la caméra, et l'homme sur la chaise commençait à se débattre et à pousser des cris étouffés clairement audibles. L'autre homme portait des vêtements sombres, avec une cagoule pour masquer son visage. Il sortait alors une batte de baseball, et la tendait au-dessus de la tête de l'homme. Enfin, il faisait un rapide moulinet et l'abattait d'un coup sec dans un bruit mat, mais assez fort pour bien me faire comprendre que c'était un coup puissant. L'homme en noir obstruait la majorité du champ de vision, mais je pouvais voir que l'autre était mort, effondré. Il continuait à le frapper, jusqu'à faire jaillir le sang, éclaboussant le plafond de plâtre blanc et les murs en bois. C'est heureux que le caméraman soit resté devant l'homme tout du long. Au moins, je n'aurai pas vu le résultat du premier coup, qui avait produit un son si horrible. L'épisode se terminait peu après.


    Cet épisode a été l'un des plus dérangeants que j'ai pu voir. J'ai demandé aux officiers en présence si l'homme sur la chaise avait pu être identifié ; il semblerait qu'il s'agisse du père d'un des enfants kidnappés par Mr.Bear. Je suppose qu'il était venu à Caledon pour secourir son fils ou sa fille. Je n'ai pas demandé son nom, je me demande si j'aurais dû.

    Je viens de réaliser que cet épisode précédait de peu "Jouons avec des ciseaux", l'épisode 42 de la série, que j'avais vu à cinq ans. Si les autres épisodes de cette période sont comme ces deux-là, je sais pas si j'ai très envie de les regarder.

    Je ne suis pas sûr de combien de temps je vais continuer à courir d'un poste de police à l'autre à visionner ces cassettes. Honnêtement, j'ai le sentiment que ça ne me mène nulle part, et quand je demande de l'aide, tout ce que je reçois, c'est des mails venant de crétins qui prétendent être Mr.Bear. Cette adresse, paintwithb@aol.com par exemple : un fake évident, dont j'ai reçu une ou deux missives où il me disait combien "il/ça" m'aimait. Quand je lui ai répondu (ma réponse tenait en deux mots : "ferme-la"), tout ce que j'ai eu en retour, c'est un "INRI". Ces blagues de merde doivent vraiment s'arrêter maintenant. Mais je digresse, je vais continuer à chercher des informations. Merci à tous de continuer à lire ce que j'écris.

    -Elliot




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    J'adore regarder la télé. Jusqu'au plus loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé ça. C'est un peu comme ma passion. C'est ridicule, vous me direz, mais vous vous méprenez.

    J'aime toutes les émissions, ainsi que toutes les chaînes. Ça en devient parfois difficile pour choisir mon programme. Cependant, il y en a un type que je préfère plus que tous les autres. Vous savez, ces émissions qui nous reconstituent des meurtres, des viols, ou d'autres affaires similaires. Je pourrais passer des heures à regarder ce genre de trucs.

    Je n'ai pas beaucoup d'amis proches, je suppose que c'est en partie à cause de mon addiction. Mais si je me suis réfugié là-dedans, c'est justement parce que je suis seul. Un foutu cercle vicieux duquel je ne peux pas sortir, et qui s'aggrave de jour en jour. Mais au fond, je supporte plutôt bien cette solitude, je m'y suis fait au fil des années.

    Quelques fois, il m'arrive d'inviter des connaissances chez moi. Des personnes qui acceptent encore de faire partie de mon environnement social. Je leur propose donc à boire, et après ça, c'est le moment de s'installer devant mon poste de télévision. C'est de loin l'instant que je préfère, lors de ces soirées chez moi avec des invités.

    Le programme débute. Un homme apparaît, visiblement bourré bien comme il faut. Il titube, et on a du mal à comprendre ce qu'il raconte. Et puis, il rejoint une fille à l'autre bout de la salle dans laquelle il se trouve, une cuisine visiblement. On peut sentir la terreur dans les yeux de celle-ci.

    L'homme se rapproche d'elle de plus en plus, d'un air menaçant, les yeux rougis sans doute par une drogue, toujours en titubant lourdement. « Mais cours ! Vite ! Tu vois pas qu'il est dangereux ? » Elle s'exécute alors. Malheureusement, cette tentative est vaine. Elle remarque qu'elle ne peut pas s'échapper de la pièce. On ressent sa panique. L'homme se jette sur elle, lui assène quelques coups violents au visage, et se met à l'étrangler. Elle perd connaissance.

    Je regarde mes invités. J'espère qu'ils apprécient la soirée. En tout cas, ils ont l'air vraiment envoûtés par le programme.

    L'homme se met à arracher les vêtements de la fille, d'une façon plus que bestiale. Ensuite, il la viole. Et puis, c'en est fini. L'homme saisit un couteau qui traînait sur la table à proximité d'eux, il égorge la fille. Son sang coule à flot, faisant une énorme tache sur le sol.

    Il regarde un instant le corps de la femme. Elle ne bouge plus, il n'y a plus aucune once de vie en elle. Il se met à trembler, et à regarder ses mains. Je crois apercevoir des larmes couler sur les joues de l'homme. « Tu regrettes ce que tu as fait ? » lui dis-je. Il tremble de plus en plus, il a visiblement l'air en état de choc. Et puis, il récupère son couteau, et se le plante à plusieurs reprises dans le cœur, jusqu'à ce qu'il finisse par succomber.

    Je me lève et j'applaudis. Je regarde mes deux invités, gisant là, au milieu de la cuisine. Je quitte mon poste d'observateur qu'était le salon, je déverrouille la porte de la cuisine. J'admire le bain de sang qui se trouve dans cette pièce. Tous les recoins ont été éclaboussés : la table, le carrelage, les murs, la baie vitrée séparant la cuisine du salon. Il faudra que je nettoie tout ça, et que je me débarrasse des corps de mes invités. Il faut ce qu'il faut, n'est-ce pas ? Tous les moyens sont bons pour conserver ma passion.

    J'aime vraiment regarder la télé.

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    Communication

     

     

    - 17. Quelle est votre urgence ? -

    Je… Je m'appelle Robert Leroy, et... ma femme a disparu.

    - Depuis quand votre femme a-t-elle disparu, Monsieur Leroy ?

    - Une semaine, peut-être plus, peut-être moins, je ne sais plus.

    - Toute disparation avérée doit être signalée après 48 heures.

    - Oui, mais... j’étais en voyage d'affaires à l’autre bout du monde, sur une île... Le réseau satellite était HS. Dès que mon avion s’est posé à Orly, j’ai consulté mes messages et il n’y en avait aucun de ma femme.

    - Est-ce habituel ?

    - Non, c’est pour ça que je vous appelle, on... on est très liés tous les deux.

    - Depuis quand êtes-vous arrivé à votre domicile ?

    - Une heure, deux, trois, je ne sais plus.

    - Elle est peut-être chez des amis ou partie voir sa famille ?

    - Non, je ne pense pas.

    - Vous auriez dû les appeler pour vous en assurer.

     

    - Je sais, je sais mais... je ne pense pas que ce soit nécessaire.

    - Pourquoi ?

    - Il y a des vers, de gros vers blancs.

    - Où ça monsieur Leroy ?

    - Je les vois.

    - Pouvez-vous me préciser où se trouvent ces vers ?

    - Sous la porte. Et devant aussi.

    - Sous la porte Monsieur Leroy ? Quelle porte ?

    - La porte de salle de bain.

    - Vous pouvez l’ouvrir ?

    - Non.

    - Pourquoi ?

    - Je... je crois qu'elle est fermée de l’intérieur.

    - Comment le savez-vous ?

    - J'ai déjà essayé. Enfin je ne sais pas... je ne sais plus trop.

    - OK. Vous pouvez la défoncer ?

    - Non... Je... je ne veux plus marcher sur les vers. Il y en a tellement... Ils...ils vont encore me faire du mal.

    - Euh... Je vous envoie une patrouille, mais vous devez essayer Monsieur Leroy, vous devez défoncer cette porte.

    - Je ne veux plus marcher sur ces vers !

    - Essayez Monsieur Leroy, ce ne sont que des asticots.

    - Attendez !

    - Oui ? - Ils... ils se sont redressés et me regardent

    ! - Qu'est-ce qui vous regarde monsieur Leroy ?

    - Leurs yeux jaunes... Ils...ils me regardent.

    - C'est impossible Monsieur Leroy. Gardez votre calme.

    - Ils...ils ont tous un visage... - Un visage ? Euh... Avez-vous un insecticide ou pouvez-vous les écraser ?

    - Non... attendez.

    - … Oui ?

    - La poignée de la porte ; elle s'abaisse.

    - C’est peut-être votre femme ?

    - J’ai peur…

    - Gardez votre sang-froid.

    - La porte s’entrouvre.

    - … - Il... Oh... Non…

    - Que voyez-vous Monsieur Leroy ?

    - Une truffe. Ça renifle.

    - Une truffe ?

    - Le chien, j’avais oublié le chien. Je crois que j'ai un chien.

     

    - Quel est son nom ?

    - Euh... Teddy, mais je n'en suis pas sûr.

    - Alors dites à Teddy de venir vers vous.

    - Oh non, la truffe est bouffée par les vers aux yeux jaunes.

    - Comment ?

    - Les vers sur sa truffe... Ils...ont faim.

    - … Euh... Que fait votre chien ?

    - Il sort sa tête et... Oh non...

    - Qu’y a-t-il Monsieur Leroy ?

    - Il y a une main dans la gueule de Teddy. L’alliance, je vois l’alliance.

    - L’alliance de votre femme ?

    - Je crois... Il... Teddy avance et... Oh non... Le bras, le bras arraché de ma femme pend dans sa gueule.

    - Euh... Bon... Quelle est la race de votre chien ?

    - Berger allemand je crois mais... il est si… long. - Long ?

    - Son cou... blanc... il est si long... Il sort toujours de la salle de bains. Il est si long...

    - Monsieur Leroy ? - ...

    - Monsieur Leroy, ne restez pas là, sortez de chez vous, la patrouille va arriver d’un instant à l’autre. Votre chien a peut-être la rage.

     

     

    - Ils... ils claquent des dents.

    - Monsieur Leroy, euh, ce n'est pas possible.

    - Tous claquent des dents…

    - Monsieur Leroy, sortez rapidement de là !

    - Je crois que c'est impossible.

    - Pourquoi ? -

    Mon corps est sur la moquette.

    - Relevez-vous et sortez !

    - Les vers aiment ma chair.

    - Retirez-les monsieur Leroy !

    - Je... je ne peux pas.

    - Essayez !

    - Mes... mes mains... oh mes os, mes os sont percés de gros vers et mon sang... mon sang... partout sur la moquette...

    - Je... Je vous appelle une ambulance.

    - C'est étrange... je ne sens rien... je...

    - Qu'est ce qui est étrange monsieur Leroy ?

    - Je vois mon corps dévoré par ses enfants... Leur mère me regarde... Ses gros yeux jaunes... Oh non... ma femme, dans la salle de bains...

    - Je... je ne comprends plus Monsieur Leroy ? Vous voyez votre femme ?

     

    - ... - Monsieur Leroy ? Monsieur Leroy ?

    - ... (Grésillements...)

     

    FIN DE L'APPEL. Conclusion de l'affaire Leroy du parquet de Versailles : Cet appel a été reçu le 11 juillet 2016 par le centre d'appel des urgences de Versailles. En arrivant sur les lieux, la police a découvert le corps en partie dévoré et couvert d'asticots de Monsieur Leroy. Le bras de sa femme a été retrouvé dans la salle de bains, ainsi qu'une partie de son visage. L’auteur de l’appel n’a pu être identifié et cet appel n'a pas été produit par le mobile de Monsieur Leroy. L'analyse scientifique révélera plus tard que la date de sa mort remonte à une semaine avant cet appel. De plus, une nouvelle espèce de gros vers blancs aux yeux jaunes, de la taille d'une main d'enfant, dotés d'une très fine dentition, a été identifiée au sous-sol. Un marqueur chimique a fait apparaître des traces de reptation dans la cave et sur les planchers de la maison. La marque la plus évidente provenait du jardin car un large sillon écartait l'herbe haute. Un trou dans le grillage a aussi été découvert. Le mystère du chien Teddy reste entier car après analyse génétique, ses os ont été retrouvés sous trois mètres de profondeur dans le jardin.

     

     


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  • EAS

    EAS

     
    Le système EAS, pour Emergency Alert System, est un dispositif d'alarme mis en place par le gouvernement américain en 1997, activé en cas d'incident grave mettant en danger les populations. Le dispositif a remplacé l'EBS (Emergency Broadcast System), créé pendant la guerre froide, dans un contexte où une attaque des russes était une possibilité fortement envisagée.

    Un message EAS ou EAM, diffusé à la radio et à la télévision (où il remplace tous les programmes en cours), se compose typiquement d'une intervention de la figure d'autorité locale (le président dans le cas d'une alerte nationale), et d'un message pré-enregistré donnant les consignes de sécurité à suivre pour assurer la survie des habitants dans la situation concernée. 
    Les messages couvrent des situations telles que les séismes, tornades, ouragans, accidents industriels... et attentats. Il en existe un large panel, et il semblerait qu'un grand nombre de messages n'aient jamais eu à être diffusés, ce qui mène à la conclusion logique que la plupart des EAM existants (et les menaces qu'ils recouvrent) sont à ce jour confidentiels.

    L'EAM ci-dessous a fait surface lors de la fuite de plusieurs autres documents confidentiels. Si vous pensez savoir à quelle menace les instructions sont supposées répondre, s'il vous plait, manifestez-vous.
     

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