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    n'oublié pas d'activité les sous titres 


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  • Travers de porc

     
    Bonsoir,

    J’ai décidé de raconter une histoire qui m’est arrivé il y a quelques années et à laquelle je repense encore aujourd’hui quelques fois. J’étais étudiant en kiné et vu le prix des études et mon incapacité à travailler en même temps, j’habitais toujours chez ma mère. 

    Je me souviens très bien que c’était un jeudi car le lendemain, j’allais avoir cours d’anatomie comparée et c’est pour ça que j’ai accompagné ma mère à la boucherie. Elle a pris des travers de porc qu’elle comptait cuisiner le lendemain soir (le seul soir où on mangeait en famille). Je lui avais piqué une vertèbre. Je me souviens avoir passé une bonne partie de la nuit à bouillir mes os, les mettre dans un bol d’eau de Javel, les limer, bref, plein de petites astuces trouvées sur le net pour les blanchir au mieux.

    Le cours d’anatomie comparée est un de mes préférés. On nous donne un os d'un animal et d'un humain pour les comparer et conclure sur l’évolution animale. Et ce soir là j'étais fier, j'amenais pour la première fois ma propre vertèbre en cours.


    Pour comprendre ma réaction je dois préciser quelque chose qui peut paraître étrange lorsqu'on ne fait pas d'études avec de l'anatomie : le rapport au corps chez nous n'est pas le même. C'est quelque chose de tout à fait normal de faire cours avec un vrai squelette humain, nous avons des caisses entières d'os dans les amphis et un laboratoire d'anatomie avec de vrais cerveaux et coeurs plastifiés. Pour nous l'homme est une machine que l'on doit étudier comme les garagistes démontent des voitures pour comprendre leurs mécanismes. 



    On m’a donc donné une de ces vertèbres humaines pour que je puisse faire mon TP en écrivant les différences que je pouvais observer avec la mienne.
    Je vous passerai tous les détails techniques mais j’ai comparé, mesuré, observé et noté tout ce que je pouvais voir comme différence entre ces deux vertèbres pendant une bonne partie du cours.


    Au bout d'une heure, désespéré, j’ai demandé de l’aide à mon professeur. Il a pris l'os que j'avais entre ses mains sans me regarder pour me dire ce qu'il pensait avant de me laisser pour aller aider un autre élève.
    Ces mots-là sont de ceux qu’on oublie jamais.
    « Mais oui, bien sûr que tu ne vois pas de différence, ce sont deux thoraciques humaines. Va piocher une vertèbre dans la boîte animale». 




    Le soir, je n’ai pas osé en parler. Le professeur avait forcément dû se tromper. Ou j’avais mal compris.
    Enfin… C’était absurde.
    Je n’ai quand même pas touché à mon plat. Mais une chose est sûre, mes parents, eux, se sont régalés.

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  • Le garçon qui aimait lire

     
    Il était une fois un garçon qui adorait lire. Il lisait tout ce qui lui tombait sous la main, et aimait par dessus tout se rendre à sa librairie préférée.

    Mais un jour, le garçon réalisa qu'il avait déjà lu tous les livres que cette librairie proposait. Il alla donc trouver le libraire, et lui demanda s'il avait quelque chose en stock qu'il n'avait jamais lu. Le libraire lui dit que oui, effectivement, il avait quelque chose qui pourrait l'intéresser, et sortit un livre appelé "Mort". Il accepta de lui vendre le livre au prix d'ami de 50$, lui disant qu'il s'agissait d'une version rare de ce livre, publiée à peu d'exemplaires.

    Cependant, il lui laissa un avertissement : celui de ne jamais lire la première page. En effet, il lui indiqua que celle-ci était réputée pour être maudite, et un sort funeste attendrait celui qui la lirait.
    Aussi, le garçon retourna chez lui et lut le livre, et il était satisfait. Celui-ci racontait l’expérience de personnes en contact avec la mort, et tout ce qui tourne autour : la vie après, qu'est-ce qu'on ressent au moment de mourir...
    Par contre, il se demandait toujours ce qu'il pouvait bien y avoir en première page. Cette question lui hantait l'esprit. Un jour, la tentation fut trop forte pour le garçon, et il feuilleta le livre jusqu'à la première page. C'est alors qu'il laissa tomber le livre, horrifié.




    Il était marqué en lettres capitales : "PRIX CONSEILLÉ : 7$99".

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     Pendant notre lune de miel dans le Maine, ma femme et moi nous étions arrêtés dans cette ville pittoresque qu'est Boothbay, par une journée particulièrement pluvieuse et triste.
     
    Puisqu'il était hors de question de maintenir notre pique-nique, nous avons cherché abri dans un petit magasin d'antiquités délabré près du port.
    Pendant que ma femme inspectait les grands coffres et les tables basses près de la porte, j’examinais les outils anciens et les 
    instruments de navigation, dans une vitrine à l'arrière du magasin. Étant un collectionneur d'objets en rapport avec la marine, j'espérais trouver un sextant ou une longue-vue.
    Une pièce particulièrement intéressante a attiré mon attention. Ça ressemblait à une lampe de poche, très lourde, en laiton, portant une patine brune usée mais de conception remarquablement moderne.



    J'ai interpellé le vendeur, mais la seule chose qu'il savait était que cet objet avait été trouvé dans le même vieux coffre de marin que plusieurs des boussoles et sextants présents sur le comptoir. Il m'a demandé si je voudrais l'acheter pour cinq dollars, ou peut-être même l'avoir gratuitement. 

    — "Ça ne me sert à rien. Personne n'en veut".

    Alors que je manifestais mon étonnement sur le prix, il a soupiré bruyamment, avant de prendre l'objet sur l'étagère et de me le tendre.

    "Tenez, voyez par vous-même".

    La conception était admirable : du solide, probablement fait main, peut-être quelque part en Europe. Le lettrage indiquait que l'objet était d'origine allemande, ou peut-être autrichienne. J'ai tourné le boitier de l'ampoule et un bref rai de lumière rouge en a jailli. Le dirigeant vers un coin sombre de la boutique, j'ai été accueilli par de fantastiques tourbillons monotones, se déplaçant et s'entrelaçant les uns les autres comme des anguilles. Tandis que je regardais dans cet étrange projecteur-kaléidoscope, mon imagination débordante inventait des visages macabres et des vrilles noueuses.


    Éteignant l'appareil, je me suis tourné vers le vendeur avec enthousiasme : 

    — "Fantastique ! Il doit y avoir une sorte de filtre d'huile devant la lentille. J’ai deux kaléidoscopes victoriens, mais aucun n'est éclairé de la sorte."

    — "Vous ne remarquez rien, hein ? Personne ne le remarque. Tout le monde finit par me rapporter l'objet."

    Le vendeur s'est penché sur le comptoir, et je pouvais voir qu'il était en sueur et respirait bruyamment.

    "Tout le monde pense que c'est une sorte d'illusion... jusqu’à ce qu'ils commencent à voir la même chose une fois la lumière éteinte.

    Ce n'est pas une projection, monsieur. Cette chose maudite, cette lumière, elle ne crée pas ces créatures...





    ... Elle ne fait que permettre à vos yeux de voir ce qui est déjà là."

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    Confidences

     
    Je n’ai jamais eu beaucoup de chance dans ma vie. Un père alcoolique, une mère schizophrénique, un grand frère tyrannique. Mon père me battait, ma mère riait pour n'importe quoi et se foutait de ma tronche à longueur de temps. Elle avait aussi la phobie de mes cheveux et toujours une paire de ciseaux à portée de main. Mon frère, lui, cherchait constamment à me faire peur dans le noir, dès que j’avais le dos tourné, quand je dormais. Et puis, dès qu’il en avait l’occasion, il me cognait avec ses gros muscles mous.
      
    Avec ses poings, mon père caressait aussi doucement mon visage qu’un punching-ball. Avec ses pieds, il se servait délicatement de ma tête comme d’un ballon de football. Ma mère me grattait souvent le crâne avec ses ongles pointus au vernis rouge.
      
    Un jour, j’ai dit à mon père qu’il buvait trop. J’ai failli mourir d’un coma éthylique, car ce salaud avait coincé un goulot dans ma gorge et y avait déversé son litre de whisky quotidien. Un jour, j’ai eu le malheur de refuser que ma mère me coupe les cinq millimètres de cheveux qui avaient poussé sur ma tête pendant son internement psychiatrique. Elle me les a arrachés avec les dents. Un jour, j’ai refusé de jouer avec mon frère. Il m’a forcé à jouer aux osselets. Avec mes doigts.
      
    Et forcément, tout ça, ça laisse des traces, des séquelles. Enfin, au début je croyais que non, je croyais m’en être sorti, car après mon diplôme j’ai eu l’idée de monter une agence de voyages à prix discounts. Je dois avouer qu’après un début difficile, les affaires ont décollé.
      
    Jusqu’à ce que je rencontre ma petite amie, Stéphanie. Corps sculptural, intelligence aiguisée, amour fusionnel. On ne faisait jamais rien sans l’autre. Elle adorait les voyages et pour les vacances, parfois pour un seul week-end, on s’envoyait en l’air aux quatre coins du monde. Le seul truc qui me dérangeait chez elle c’était sa foutue manie d’aller en boite. Je n’aimais pas les boites, je n’ai jamais aimé ça. J’ai fini par la laisser y aller seule. Elle s’est mise à rentrer à des heures impossibles, saoule en plus, avec de drôles d’odeurs sur elle, des odeurs de mâles en rut. Et à chaque fois que je lui faisais des remontrances, elle riait comme une petite sotte. Ça a fini par m’énerver. Je crois qu’elle a pris pour toutes les saloperies que m’a faites endurer ma putain de famille. Après un énième sourire idiot, j’ai regroupé toutes ses passions en une seule et je l’ai envoyée dans une boîte à l’autre bout du monde.
      
    Il s’est passé quelque mois avant que je retombe amoureux. Entre-temps je suis allé consulter un psy et je me suis fait prescrire de puissants somnifères pour arrêter les cauchemars et les hallucinations. Je voyais ma mère, mon père, mon frère partout. C’était horrible de revoir leurs corps calcinés. Heureusement que ce jour-là je dormais à l’université, et je n’ai pas été accusé. Je me demande encore qui a bien pu mettre le feu à leur baraque de merde.
      
    Je suis resté un peu moins longtemps avec ma nouvelle petite amie. Six mois, je crois. Je l’ai aussi rencontrée à mon agence de voyages. Comme dans toutes les histoires d’amour, au début ça se passait bien. Mais elle s’est mise à devenir étrange : elle s’inventait toutes sortes des manies comme se laisser pousser les ongles des mains, des pieds et les vernir en rouge. Je n’aime pas le rouge. Elle se maquillait trop aussi, on aurait dit une pute. Et puis toutes les semaines, elle allait chez le coiffeur. Je déteste les coiffeurs. En plus, quand elle revenait de chez ces arracheurs de cheveux, elle riait comme une idiote. Oui, une véritable idiote. Ça a fini par m’énerver. Par vraiment m’énerver. Je l’ai bâillonnée et je l’ai mise dans une grande boîte. Dans une revue, j’avais lu qu’on pouvait mourir de rire en badigeonnant les pieds de quelqu’un et en les faisant se faire lécher par une chèvre. Je me voyais mal acheter une chèvre. Mais il y avait des nuées de fourmis rouges dans ma cave. Je ne me rappelle plus combien de temps elle a hurlé (peut-être de rire), mais j’ai trouvé ça long, trop long, et j’avais peur que les voisins l’entendent même si la plus proche des maisons est à deux/trois cents mètres de la mienne. Je ne sais pas pourquoi, je l’ai étranglée en pensant à ma mère. Mais les fourmis l’avaient déjà bien bouffée au niveau du cou et sa tête m’est restée dans les mains. J’ai aussitôt pensé à mon père et j’ai shooté dedans comme dans un ballon de football. But ! Puis je l’ai tellement frappée avec mes poings qu’à la fin il n’y avait plus qu’une bouillie de cervelle et de cheveux mélangée à la terre battue de la cave. Pour me relaxer, j’ai joué aux osselets avec ses doigts. C’est drôle, j’y ai pris un plaisir monstrueux.
      
    Je suis en train de choisir leurs destinations. J’ai fait plusieurs boîtes, car j’entendais encore le rire de ma mère à l’intérieur de ce corps sans tête, et j’ai fini par le découper.
      
    Ah, j’hésite toujours : Bornéo pour son dos, Cuba pour son cul, la Suisse pour ses cuisses. Ça devrait encore passer, j’ai beaucoup de relations dans les douanes et d’amis de l’Est qui vont m’acheter les organes.
      
    Pour faire disparaître les traces génétiques, je dois encore contacter mon ami d’enfance Didier, un pompier. Il est vraiment bon pour faire croire qu’un incendie est accidentel.
      
    J’ai hâte que tout soit fini, j’ai hâte de retourner à l’agence. En plus, je crois que j’ai le ticket avec une belle petite gonzesse, célibataire en plus. Une certaine Stéphanie Duval. Elle ressemble un peu à ma mère, elle a le même prénom qu'elle, mais je crois que cette fois je vais réussir à garder mon calme. Enfin, si elle rit un peu trop je ne lui arracherais qu'une dent, ça la calmera et elle comprendra que je n’aime pas qu’on se moque de moi.
      
    J’ai arrêté de voir le psy, mais comme il me l’a conseillé je continue à écrire mon journal. Ça m’aide, ça m’aide vraiment à extraire mon sale passé de mon âme. Comme le psy me l’a souvent répété, je ne suis responsable de rien. Enfin, je crois…

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